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18.06.2010

Raymond, je ne t'avais pas dit quelque chose d'important.

Raymond Domenech ne mérite pas qu’on le traîne dans la boue. Le critiquer suffit. Mais pas la peine d’en faire un bouc-émissaire.

Ca pourrait aller jusqu’à donner quelque chose comme ça : « Ah, j’ai pas le moral aujourd’hui. Si la France avait gagné son match de foot, tout le monde serait content et rigolerait. Tout le monde fait la gueule, dont moi. C’est de la faute du sélectionneur. »

Moi, je suis comme une majorité de garçons en France : j’ai toujours été passionné par le foot. Mais le football, je ne veux surtout pas que ce soit la béquille à une vie que je n’aurais pas le courage de mener par moi-même. Les médias, les grandes entreprises « publicisées », et même les professionnels du foot veulent que ce soit comme ça : le foot comme drogue collective. Un match de foot servirait à fumer un énorme joint tous ensemble… un rail, un fixe même. Car ces drogues sont chères. Et le fric va dans leurs poches. C’est laid, mais c’est vrai.

Seulement voilà.  Je ne veux pas que la victime de ce système soit un bouc-émissaire. Aujourd’hui, il faut défendre Raymond Domenech. C’est lui que je m'apprête à défendre ici. Demain, ce sera un autre, si cet autre est à son tour « bouc-émissarisé ».

Un jour en 2007, j’ai vu notre Raymond national à Montparnasse. Il était avec une enfant, qui semblait bien être sa fille. J’ai préféré ne pas le déranger.

Voilà ce que j'avais à lui dire :

Lors de la coupe de monde 2006, mon association, Yel’Kayé – Avenir Solidaire, avait déjà prévu de financer un chantier de construction d’école primaire au Burkina Faso pour l’été suivant (2007). Parmi nos actions pour récolter des fonds, il y avait deux buvettes de prévues :

- le soir de la fête de la musique (21 juin, bien sûr).

- le match France-Togo (dernier match des poules de la coupe du monde, 23 juin, si ma mémoire est bonne)

Or, il se trouve que notre buvette de la fête de la musique avait été un fiasco. Nous avions des stocks sur les bras à ne plus savoir qu’en faire. Les Parigots se rappelleront peut-être qu’il avait plu des cordes ce soir-là.

Lors de la retransmission de France-Togo, notre buvette a bien marché, mais pas suffisamment pour écouler nos stocks. Et c’est là où je veux en venir : Grâce aux qualifications successives de la France pour les matchs de la coupe de monde, nous avons pu écouler nos stocks et faire des bénéfices importants pour notre projet. Vous pensez bien que, pour notre équipe de volontaires français, chaque victoire était doublement belle !

Je me souviens notamment de la victoire en quart de finale contre le Brésil ; elle reste un moment très fort pour moi.

La France qui gagnait devenait pour nous dynamisme, fête, encouragement dans notre projet pour aller plus loin que nous-mêmes, dans notre projet de rendre concrète la générosité de nos proches, familles, amis, voisins… qui consommaient avec joie, et en payant souvent largement le prix des consos.

Certains me diront que je devrais plutôt exprimer mes remerciements à Zizou qu’à Raymond. Mais qui sait quel autre sélectionneur aurait été capable de reprendre Zidane, Thuram et Makélélé ? Domenech n’a certes pas semblé, depuis 2006, être un très bon directeur des ressources humaines (sans parler de la communication)... Mais, avec un groupe qui avait déjà en son sein un paquet d’égos de stars (comme on l’avait vu en 2002), Raymond Domenech a alors réussi à le faire fonctionner. Les rivalités Zidane/Henry, ou Barthez/Coupet, ou je ne sais quel autre problème, auraient pu faire déjouer l’équipe de France. Domenech a forcément eu son rôle là-dedans. Il a fait du bien à ce groupe pendant cette coupe du monde 2006, c’est sûr.

En revanche, il aurait dû être viré en 2008. Je l’avais toujours pensé (je ne suis pas original, je ne prétends pas l’être). Mais ce n’est pas le problème aujourd’hui. Aujourd’hui, monsieur Raymond Domenech, je veux vous dire merci.

Vous et votre équipe avez permis de soutenir la construction d’une école primaire dans le village de Sika, dans la province du Bam au Burkina Faso, certes indirectement, et même très indirectement. Très très indirectement.

Mais vous avez su supporter cette pression de l’attente d’un peuple face à ses écrans de retransmission. Sans cette pression collective, pas de spectacle. Sans ce spectacle, pas de moment commun où nous pouvons partager quelque chose entre nous, et parfois, plus loin que nous.

Des dizaines d’enfants sont bel et bien scolarisés depuis 3 ans. Les remerciements continuent d’être donnés par notre association partenaire sur place. C’est le jour pour moi de vous en retransmettre une petite part.

Merci Raymond.

23:50 Publié dans Sport | Lien permanent | Commentaires (1)