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30.04.2017

Lettre ouverte à Jean Lassalle

Bonjour, cher Jean Lassalle,

Je vous écris cette lettre ouverte pour vous dire que vous vous trompez.

J’ai fait campagne autour de moi pour vous. J’ai subi des rires, à cause de votre style, de vos mots hors pistes. Mais j’ai aussi essuyé des contestations profondes, comme lorsque l’on m’a rétorqué que votre position concernant Bachar el-Assad était beaucoup trop molle, donc coupable. Pourtant, je ne regrette pas mon soutien pour votre candidature. Vous avez apporté du sens, là où il n’y avait plus que désespoir de trouver un représentant national qui ne soit pas un pantin de télévision.

Après quelques jours suivant le premier tour, vous avez enfin fait une déclaration concernant le vote du deuxième tour. Nous pouvons y lire : « Choisissons tranquillement notre camp sans insulter l’autre » et « je veux réconcilier notre peuple, je ne crois pas possible d’y parvenir en montrant du doigt près de 50% des Français. » En lisant vos mots, je me suis rappelé pourquoi j’ai soutenu votre candidature. Je pense comme vous que malgré ces multiples fractures dans notre France, nous pouvons retrouver le chemin de la réconciliation. Merci. Vous êtes fort estimable, vous êtes extraordinaire, vous faites honneur à la France, malgré tous les défauts dont vous êtes « accablé » (je vous cite encore).

Mais ce n’est plus vous dont il est question ! Je vous le dis sans détour : Vous vous trompez quand vous refusez d’utiliser le vote Macron pour faire barrage au FN.

Vous vous trompez, car on peut se réconcilier dans le désaccord. Depuis plusieurs mois, je redoute la possibilité que Marine Le Pen soit élue et j’ai fatigué mon épouse à le répéter devant tant d’amis et tant de membres de nos familles, à tant de dîners et autres rencontres. Est-ce pour autant que j’ai insulté ses électeurs ? Jamais. Vous me lisez bien : jamais. Pas de « fasciste ».

Je peux certes utiliser ce mot pour elle. Car, s’il vous plaît, Jean Lassalle, dites-moi ! Dites-moi quand Marine Le Pen a exprimé un regret d’avoir été en relation avec des nazis ou des néonazis ? Quand ? Apportez-moi une citation d’elle. Nous, citoyens français, sommes en droit d’attendre cette preuve, nous qui avons grandi dans le pays où a été proclamée la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.

Citez-moi un regret de Marine Le Pen qui vous semble sincère. Vous qui n’avez pas peur de regarder le moindre être humain dans les yeux, je vous écoute. S’il vous plaît, une seule citation ! Une seule citation où elle regrette d’avoir été en bons termes avec des personnes qui ne voient pas le racisme comme un problème fondamental empêchant de vivre ensemble. Ce sont des personnes qui pensent que c’est naturel d’être raciste, que cela structure les relations entre les humains. Ils sont malheureux, ils sont dangereux. « Regardez-les dans les yeux » eux aussi, quand bien même ils se cachent, ces quelques êtres à la conscience égarée, derrière la dédiabolisation du FN. (Relisez-moi bien, et constatez que même eux, je ne les insulte pas.)

Des profondeurs, je crie : Quand madame Le Pen a-t-elle exprimé un regret ? Je ne parle pas de phrase compliquée, une de ces phrases que j’ai déjà entendues, où par des formules tordues, elle condamne tout en justifiant des phrases de Jean-Marie Le Pen pour lequel la Justice l’a condamné.

Alors oui, le « monde de la finance » nous a escroqué avec l’élection de Hollande et s’apprête à nous refaire le coup avec Macron. Mais enfin, au moins cette fois-ci nous n’allons pas aux législatives avec un bandeau sur les yeux ! La campagne des législatives, voilà le réel enjeu de 2017.  

Ne mettez pas ce bandeau aux yeux de quelques Français qui vous font confiance sans trop savoir jusqu’où le FN peut aller. Je suis historien de formation. Il y a tant de choses que je ne sais pas, je le reconnais volontiers. Mais j’ai trop étudié les sociétés humaines passées et présentes pour savoir comment des mensonges peuvent fonctionner pendant des campagnes électorales. Je souffre dans ces moments où tellement de sentiments contrariés écrasent des réflexions profondes et utiles à long terme.  

Cher Jean Lassalle, je vous supplie. Pardonnez mon orgueil. Moi le banlieusard, je veux faire changer de conviction un berger des montagnes ! Je veux changer sa trajectoire, inconscient que je suis. Je vous supplie. Revoyez votre position sur les enjeux du deuxième tour de l’élection présidentielle.

Ainsi, permettez-moi de traduire des mots que vous avez fait résonner en hauts lieux : « s’il chante, qu’il chante, ce n’est pas pour moi » Je chante pour notre France… qui est loin de nous, et qui dimanche prochain, pourrait être plus loin encore.

Bien à vous, cher Jean,

Guillaume Desrosiers

11.01.2015

"conscience"

Je ne veux pas dans cette note définir le mot "conscience". Je ne suis pas linguiste, je ne suis pas professeur de français, ni de philosophie. Je veux expliquer pourquoi au moment-même où se poursuit, où se finit, la marche "Je suis Charlie" à Paris et ailleurs, je n'y suis pas.

Je pourrais trop parler de moi, de ma vie, de mes engagements, notamment de mes cours d'éducation civique depuis plus de 11 ans dans des collèges et des lycées pour transmettre des valeurs, celles de la démocratie, celles de la République.

Mais le plus important pour moi est de m'appuyer sur autre chose. J'étais sur les Champs-Élysées le soir du 12 juillet 1998. C'est un moment qui m'a marqué à plus d'un titre. J'y étais avec des amis de ma ville de Clamart (au sud-ouest de Paris, dans le 92), j'ai cru en l'unité de notre pays à ce moment-là, à des lendemains meilleurs, sans racisme.

Après le 21 avril 2002, il m'était évident d'aller manifester pour m'opposer aux idées du Front National... ainsi, le 1er mai 2002, j'ai marché dans les rues de Paris dans ce but. J'avais même été à l'origine de l'organisation d'un petit rassemblement devant la mairie de Clamart pour nous rassembler et défiler dans notre ville, exprimer au mégaphone nos idées, avant même d'être avec un million de personnes dans Paris. Je portais de temps en temps la bannière "Fraternité". Je regrette d'avoir cédé, à deux jeunes filles, le mégaphone pour les laisser crier: "et F comme fasciste, et N comme nazi ! A bas, à bas le Front National!" Et surtout d'avoir repris à leur suite ce slogan, car dans ma tête, j'avais décidé de ne jamais exprimer d'insulte. C'était certes pas bien grave, mais je n'ai pas su résister à l'effet d'entrainement sur le moment et je me souviens de voir sur le visage l'incompréhension et la déception de quelques personnes à qui j'avais promis de ne pas laisser exprimer d'insulte (c'était moi qui portais le plus souvent le mégaphone). Ce fut la seule fois et pendant des heures, nos slogans, nos marches avaient porté la démocratie et la République par de la joie et de la fraternité.

J'avais été fier de la France, des Français, puis très fier des 82% obtenus par Jacques Chirac (comment va-t-il, d'ailleurs?). Je croyais naïvement que la République était soutenue par 82 % des citoyens et que les autres étaient trompés, qu'ils s'en rendraient plus ou moins vite compte... simplisme, quand tu nous tiens... 

Puis j'ai réfléchi autrement, notamment avec un article du journal "La Croix" disant en substance que parmi les votants pour JM Le Pen, il y avait ceux qui subissaient de profondes exclusions (depuis longtemps privés d'emploi mais pas seulement cela), des gens qu'on n'écoutait jamais, qui pouvaient connaître des humiliations qu'on n'a jamais comprises, jamais perçues... "et qu'on avait traités de fachos par-dessus le marché" (cette citation de l'article est de mémoire, mais très fidèle, croyez-moi. ;-) )

Je comprenais donc que la "fracture sociale" était plus profonde que ce que je pensais... je comprenais que la sincérité de Chirac en 1995 pour la réduire n'était pas le problème. Je comprenais peu à peu que l'essentiel échappait au champ du politique. Le politique est une émanation du social. Mais si la société connaît une fracture, plusieurs fractures, le médecin, le chirurgien ne sont pas la politique. Au mieux (au pire?), la politique est l'anesthésiant.

Notre égoïsme est sans doute un anesthésiant encore plus redoutable. Egoïstes parce que nous sommes trop loin de ces réalités si dures vécues par les personnes les plus pauvres, nous autres, dans notre confort de vie des classes moyennes, et parce que nous ne voulons pas voir la misère humaine... sauf par écrans, interposés en trompe-l’œil, dont nous sommes quand même conscients quelque part qu'ils nous trompent... mais nous l'acceptons. On se laisse fasciner par une violence meurtrière pendant qu'une violence plus sourde, plus profonde, atteint ceux qui ne revendiquent pas la liberté d'expression. Peut-être car quand c'est leur tour de parler, ils sentent le mépris, parfois ils entendent la moquerie... parce que voilà, leur parcours de vie ne les a pas amenés à maîtriser la langue de Molière comme elle est maîtrisée dans les poulaillers d'acajou chantés par Souchon par exemple.

Aujourd'hui, je préfère privilégier ma conscience, mes prises de conscience, pour défendre la liberté de conscience, garante universelle de la liberté d'expression. Tout en admirant ces beaux rassemblements qui sont en train de se fondre dans la nuit tombante. Vive la France! Vive la liberté! Vive la liberté pour tous dans notre peuple! Vive la liberté de tous les peuples!

Aujourd'hui je regrette de n'avoir pas su, depuis des années que je suis adulte et responsable, écouter les exclus de notre société, de n'avoir pas su transmettre leurs mots, ceux que j'ai entendus et compris, lorsque c'était mon tour de parler. En tant que prof d'histoire-géographie et éducation civique, c'est souvent mon tour de parler. Pourquoi je ne me suis pas vraiment révolté plus tôt au côté des "oubliés de l'Histoire", des exclus de notre société?

Or, ce sont eux qui, en ayant bien raison de ne pas faire confiance aux représentants des classes moyennes qui ne les représentent quasiment jamais, sont potentiellement attirés par des révoltes individuelles et sociales ayant recours à la violence. Non qu'ils seraient idiots, ai-je besoin de le préciser, mais parce que la violence fait déjà partie de leur vie, et que quand ils ont appelé à l'aide pour avoir une vie bonne et digne, ils n'ont pas été entendus. Explication n'est pas excuse. Je ne cherche rien à excuser, je réfléchis en conscience. Et même mon explication est encore insuffisante, je le sais bien.

Alors en conscience, je pense que nous devons refuser que la violence fasse de plus en plus partie de la vie des exclus de notre société, sinon nous sommes hypocrites en appelant à l'unité nationale aujourd'hui.

Concrètement, nous avons à refuser la violence, à refuser la peur... qui sont les deux plus profondes prisons de la conscience. Peut-être vous ne trouvez pas cela concret? Eh bien permettez-moi, pour une fois, de dire ce que nous devons faire :

Vidons notre esprit des cinémas extérieurs, puis intérieurs, qui occupent nos jours. Faisons silence. Faisons silence profondément en soi. Touchons notre conscience. Augmentons la prise de conscience de notre être, de nos émotions, de nos sentiments.

Permettez-moi aussi maintenant de vous dire ce que j'ai dit à mes élèves à la rentrée scolaire de septembre dernier : " vous êtes unique dans l'histoire de l'humanité. Il n'y a jamais eu quelqu'un comme vous auparavant, il n'y aura jamais plus quelqu'un comme vous après. "

Sentez-vous la petite confiance qui est en vous maintenant...?  Comparons-la à une petite flamme de bougie que l'on protège avec le creux de la paume de la main. Protégeons cette confiance de la peur qui nous assaille. Je ne nie pas la violence, je ne nie pas la peur. Elles existent dans toutes les vies humaines. Mais notre conscience et notre confiance sont de trop belles lumières et de trop puissantes chaleurs pour laisser gagner les violences et les peurs.

Construisons des ponts de confiance entre nos consciences d'être, avec humilité.

Un jour, des forces rejoindront nos confiances et nos consciences. Ce sera alors le temps du pardon.

 

 

18:05 Publié dans politique | Lien permanent | Commentaires (3)

14.09.2011

Comment voulons-nous vivre ensemble ? (réflexion basique sur le modèle de société)

 


Benoist Apparu - Le OFF par franceinter

Le sujet de notre modèle de société est posé notamment par les évolutions très rapides des façons de vivre de nos sociétés. Même notre rapport au temps est mis en cause dans cette question. Et ce sujet est d’un niveau anthropologique : cela rejoint l’homme dans son existence à tous les niveaux. Ce serait donc une erreur de faire de la recherche d’un nouveau modèle de société un sujet seulement politique, ou seulement philosophique. Cela justifie qu’Edgar Morin réponde aux questions sur les enjeux actuels de la politique que nous avons besoin d’une « politique de civilisation ». Mais le travail de conception d’un modèle de société ne peut pas être mené par les partis politiques car la tâche est trop ardue pour eux. Ils ont trop peu de temps pour bâtir des consensus profonds puisqu’ils sont toujours en vue d’élections bien trop rapprochées les unes des autres. La durée nécessaire à élaborer un projet de société bâti sur une politique de civilisation dépasse évidemment deux années.

 

Pourquoi les philosophes ne se sont pas mis à ce travail-là ?  Peut-être car nos philosophes d’aujourd’hui sont des historiens de la philosophie. J’ai entendu cette critique l’an dernier et je l’ai trouvée dure. Mais elle a du vrai, c’est indéniable. En tout cas, le philosophe d’aujourd’hui n’est pas sur les devants de la scène politique. (BHL est un contre-exemple, bien sûr. Mais il ne propose pas de modèle de société… heureusement ?)

 

La question est donc : Qui peut proposer une nouvelle manière de vivre ensemble, une autre définition de notre corps social ? La réponse est : personne pour le moment. Et sans doute, si quelqu’un osait dire « je propose tel modèle de société », il serait disqualifié par un des aspects de son existence. Grosso modo, la critique faite à quiconque proposerait un modèle de société sera toujours que cette personne est soit « pas assez engagée », soit « trop engagée ».

 

Or, c’est clair : nous avons besoin de choisir ensemble un nouveau modèle de société. Celui dans lequel nous sommes aujourd’hui (en France, en Europe, en Occident) ne répond pas suffisamment aux objectifs portés par les déclarations des Droits de l’Homme. Aussi, nous voyons, et nous souffrons du fait que notre modèle de société actuel tangue. Enfin, des opinions dures, mais communes et fréquentes, sont exprimées pour justifier de plus en plus d’injustices. Exemples : « combattre le terrorisme par la torture systématique est compréhensible », « nous ne pouvons pas avoir suffisamment d’utilisation d’énergies propres pour assurer les besoins des humains », « on ne peut rien faire face aux inégalités abyssales de notre monde »… etc.

Cela donne une impression de renoncement. C’est du réalisme, disent les pessimistes. Cela fait militer les idéalistes qui tentent de crier plus fort. Mais ils crient les mêmes arguments qu’auparavant, et ne les retravaillent pas assez. Alors ces mêmes arguments sont à nouveau moqués par les réalistes-pessimistes.

Le dialogue entre ces deux perceptions est en panne. Cette absence de compréhension mutuelle entre deux tendances naturelles (regarder l’avenir pour progresser / regarder le présent tel qu’il est pour ne pas se planter) rajoute au délitement de notre confiance dans notre société, dans ses valeurs et dans ses buts.

Il est des peurs qu’il faut regarder en face. Aujourd’hui, c’est principalement notre avenir proche qui fait peur en France, pour des raisons d’abord économiques puis sécuritaires. Puis c’est notre avenir à moyen et long terme qui nous fait peur pour des questions de pollution et de ressources. Voilà pour un premier constat. La question qui me vient alors est la suivante : en quoi l’existence de ces peurs nous empêche de réfléchir à la société dans laquelle nous voulons vivre ? La réponse est assez facile. S’inquiéter pour l’avenir proche nous prend de l’énergie, du temps, de l’argent. Cela empêche de nous consacrer davantage à des projets à plus long terme, de plus grande envergure, des projets plus ambitieux en terme de rassemblement large de personnes très diverses.

(Une société humaine est nécessairement formée de personnes très différentes. Toute tentative de normalisation des être humains est vaine, même si on peut croire à certains résultats de ces tentatives de normalisation par moment. La télévision paraît bien le meilleur exemple, c’est un terrible outil de normalisation des personnes. Mais fermons cette parenthèse.)

 

Je réfléchis beaucoup actuellement aux énergies humaines. Je trouve que notre société actuelle avale ces énergies. Cela donne des dépressions, des suicides… j’ai été très ému et très interpellé par les suicides des gardes-forestiers de l’ONF cet été. Etant prof, je me sens solidaire de toute réduction des moyens et de l’augmentation des missions données aux agents des services publics.

 

Comment tenir ?

En prenant soin de soi, évidemment.

Voici la première chose que je veux exprimer juste avant de parler de modèle de société : Prendre soin de soi n’équivaut pas à se protéger. Se protéger est seulement une partie de tout ce qui est nécessaire pour prendre soin de soi. Prendre soin de soi passe beaucoup par des relations humaines satisfaisantes, donc forcément par du « donner » et du « recevoir ». Trop se protéger empêche cette respiration du donner-recevoir. L’ère sécuritaire commencée le 11 septembre 2001 fait qu’on étouffe de plus en plus depuis 10 ans. Respirons. Echangeons. Partageons.

 

(bientôt la suite?)

08.05.2011

Je ne sais toujours pas « comment devient-on Ben Laden ? »

 La question du terrorisme est souvent mal envisagée. Je souscris à l'affirmation selon laquelle  « l’ennemi » des démocraties modernes ne peut pas être « le terrorisme ». Le terrorisme est d’abord un moyen d’action. L’ennemi n’est pas correctement identifié si il est nommé « le terrorisme ». Connaître son ennemi est déjà un bon moyen d’avoir moins peur. Surtout, il permet de beaucoup mieux cerner l’enjeu du conflit.

C’est sur cet enjeu du conflit qu’on n’a pas assez réfléchi depuis les débuts du plan Vigipirate en France, depuis l’automne 1995. Et cela ne s’est pas amélioré après le 11 septembre 2001.

Que veulent ces personnes qui utilisent le terrorisme ?

On a tendance à répondre « ils sont fous, il ne faut pas chercher à comprendre ». Cette réponse n’améliore en rien la compréhension de la situation, ni en rien non plus la possibilité de se protéger de leur part de folie, aussi grande soit-elle !

Ils ne sont pas nés terroristes. Comment le sont-ils devenus ? On le sait à peu près. Ils ont été fanatisés par des personnes qui combattent au nom d’une représentation du monde dans laquelle ils utilisent une vision profondément faussée de l’Islam.

Ce n’est donc pas sur la religion qu’il faut s’attarder. C’est sur ce qui est suffisamment fort dans l’esprit de ces gens pour tordre à ce point la réalité au point que leur réalité à eux leur paraît comme la seule valable. Quel poison peut être aussi puissant ? La réponse à cette question n’est pas le fanatisme, puisque justement il s’agit de se demander comment le fanatisme terroriste peut naître et se développer.

C'est bien sûr dans les terreaux suivants : la haine, la rancoeur, l'humilitation à des niveaux très profonds... Le désespoir, la désespérance.

Rappelons qu’il n’est pas acceptable de faire des terroristes des victimes ayant la légitimité de se venger à un point aussi destructeur et effrayant.

Voilà des humains qui sont nés bébés, comme vous et moi. Que s’est-il passé ???

J’ai eu la possibilité d’entendre la conférence d’une rescapée d’Auschwitz, juive. Je n’ai pas de mot autre que celui d’émotion pour dire ce que cela a représenté pour moi. Et pourtant mon intellect est resté en éveil. J’ai ainsi pu lui poser la question : « Est-ce que vous vous êtes déjà demandés comment cela avait-il pu se faire que tous ces gens aient basculé dans le mal ? » Je voulais savoir si les victimes se demandaient ce qu’il avait pris à leurs bourreaux de faire tout ça. Elle m’a répondu simplement « non ». J’ai compris que guérir de la douleur, ou au moins, se rapprocher d’un mieux-être, d’une résilience même partielle, leur prenait quasiment toute leur énergie vitale, mobilisait leurs émotions et leurs capacités de réflexion. Survivre était à ce prix, même plus de 60 ans après, car l’horreur des camps d’extermination avait cette profondeur de mal, et j’ose dire de malédiction.

Ce n’est pas nouveau de savoir que la Shoah fut un des pires maux de l’histoire de l’humanité, peut-être le pire, pas nouveau de savoir ce qui a été vécu dans ces camps, et au nom de quoi cela a été fait.

Mais de se rendre compte aujourd’hui que ce mal est puissant et tenace, cela est venu me chercher dans une autre émotion, terrible mais nécessaire, que celle qui résulte de l’effort plus habituel de mémoire et de compréhension du passé.

Ce mal est tellement puissant que 65 ans plus tard, il s’agit toujours pour des humains d’y résister et toujours pas de le déconstruire.

Parce que l’on n’a pas compris cela, on n’a pas compris les Américains dans leur drame du 11 septembre.

Nous, en bons Français sûrs de la légitimité de notre position de surplomb, nous avons jugé les Américains rapidement en exprimant des choses telles que : « ils font tant de mal aux autres et ils ne voulaient pas s’en rendre compte. Ils vont enfin y réfléchir ». Sacré manque d’intelligence du cœur.

On avait notre cœur d’un côté, qui servait à plaindre les victimes, leurs familles…

On avait notre intelligence de l’autre côté disant « qu’ils arrêtent de jouer les gendarmes du monde en se croyant supérieurs partout et sans doute qu’ils n’auront plus ces ennemis ! »

Certes, cela nous a aidé à chercher à comprendre, sans doute davantage que le peuple américain, qui sont ces djihadistes terroristes. D’autant plus que notre histoire de pays colonisateur et notre actualité de terre d’immigration arabo-musulmane nous mettent dans un contact plus direct avec ces problématiques de développement des réseaux djihadistes.

Mais nous n’en avons pas de mérite. Tout comme je n’en ai eu aucun à me poser la question de l’origine du mal nazi si je me compare aux rescapés des camps qui ont eu « d’autres soucis » (veuillez excuser cet euphémisme).

« Et si j’étais né en 17 à Leidenstadt ? » a chanté Jean-Jacques Goldman pour oser se poser la question de cette origine du mal. Lui est né en 1951. Cela semble confirmer mon analyse de la distance au mal nécessaire pour pouvoir l’envisager dans sa naissance et sa formation. Analyse qui reste à vérifier…

Je suis opposé à cette vision de la vie où tout le monde en serait à peu près au même point face au mal et où ce serait à chacun de résister aux tentations de basculer dans le mal. Si on ne résiste pas, on est alors un méchant, un salaud, un facho, un raciste, etc… Non, combattre le mal ne se résume pas à combattre les mauvais. Sinon, cela voudrait dire que combattre le terrorisme consiste à combattre les terroristes et que combattre la folie consiste à combattre les fous.

Sans leur donner aucun droit à aucune vengeance, et en ne leur accordant quasiment que le seul droit -une fois leurs actes de terreur commis, préparés ou même seulement envisagés- de se voir infliger les peines de justice les plus sévères, je dis qu’il est temps de se poser les questions suivantes :

Quelles représentations du monde veulent-ils partager ?

De quoi se sentent-ils victimes ?

Peuvent-ils exprimer des désirs de soulagement de leurs douleurs ?

 

Et aussi :

Certains d’entre eux espèrent-ils sortir de cette violence ?

Quelles visions ont-ils de cette violence ?

Quel serait pour eux un monde idéal ?

 

Enfin :

Dans quelles conditions accepteraient-ils de commencer des projets de coopération avec leurs actuels ennemis ?

 

Tout ce que je peux dire, en ce qui concerne mes réponses à ces vastes problèmes, c’est que je m’engage dans cette direction :

Choisir la paix, chaque jour.

Pas une forme de tranquillité individuelle, mais une paix dynamique, communicative, comme l'est la joie par exemple, et qui s'appuie, sans alternative possible, sur la justice.

 

07.05.2011

Suite du compte à rebours

Il y a deux ans, le 6 mai 2009, j'avais lancé un compte à rebours. Poursuivons-le.

 

Plus que 52 semaines avant la fin de la présidence de Nicolas Sarkozy.

 

 

 

22.04.2011

lirva 12 ?

 

"Faut-il avoir peur d'un 21 avril l'envers?"

Et mon postérieur, c'est d'la volaille?

Les médias n'en ont que pour le fait que Marine Le Pen arrivera peut-être au 2ème tour des présidentielles dans un an.
Et pour les questions de fond... (par exemple: comment faire vivre la liberté, l'égalité et la fraternité avec de moins en moins de ressources énergétiques et de pouvoir d'achat), les médias démissionnent.

Je ne vois pas pourquoi un pays riche qui le deviendrait un peu moins serait condamné à être de plus en plus égoïste et sectaire???

Bref, les médias m'énervent avec leur nouveau joujou en forme d'épouvantail, et je veux leur faire bouffer après les présidentielles!

 

 

14.04.2011

Mystère Simone Gbagbo : le boulanger, la boulangère... A quand le petit mitron?

J'ai un profil Facebook dédié aux aux réseaux politiques, seul profil sur lequel j'accepte en contact "amical" des inconnus. Ce profil est sous le nom "Guillaume James Desrosiers" (car auparavant, je m'étais amusé à être "James  Lapolitique", jeu de mots certes peu reluisant, mais qui montrait à l'évidence qu'il s'agissait d'un pseudonyme; j'avais écrit mon vrai nom à la première page du profil).

J'ai donc un jour accepté pour "amie" une certaine Félicité. Je me rends compte aujourd'hui que je suis "ami" avec Simone Gbagbo. Cette Félicité a changé de nom!!!

Et là, pour la première fois de ma vie, lorsque je clique pour supprimer "l'amitié Facebook" avec Simone Gbagbo, il m'est répondu : "la connexion a échoué" et ce lien "d'amitié" demeure. Je ne sais pas comment je vais me débarrasser de cette Simone Gbagbo. Mais si cela ne marche pas normalement dans les heures qui viennent, je vais écrire un message salé aux responsables de Facebook !

Je n'aurais jamais accepté d'être ami avec un ou une "Gbagbo" sauf si cette personne avait dit n'avoir rien à voir avec le chef d'Etat ivoirien, ou alors être clairement opposée à sa politique.

Il se trouve que j'étais au Burkina Faso depuis quelques jours lorsque la rébellion lancée contre Gbagbo en septembre 2002 plongea la Côte d'Ivore dans une guerre civile, épisode qui fut stoppé sans solution. Beaucoup espérent aujourd'hui que l'arrestation de Laurent Gbagbo permette de tourner cette longue page douloureuse. Ce que je sais, c'est qu'il faut mettre fin à une certaine "ivoirité" qui se trouve être raciste, notamment contre les Burkinabés. Je ne veux pas les défendre à tout prix, aveuglément. Mais je n'oublierai jamais cette femme réfugiée, de retour au Burkina, cherchant n'importe quel travail pour survivre, ayant perdu son mari, tué en Côte d'Ivoire pendant ces événements.

Le racisme a ce travers cancéreux ou radioactif de ne pas s'arrêter aux frontières, d'être international, mondial... Celui qui gangrène la Côte d'Ivoire doit guérir au plus vite pour le bien des Ivoiriens, pour la paix dans leur pays, pour les immigrés qui y vivent, et pour le bien de chacun des pays frontaliers.

 

Alors si Gbagbo était le boulanger qui roulait les autres dans la farine, Simone est donc la boulangère qui m'aurait bien roulé aussi... Tiens, ils ont été arrêtés, tout comme Louis XVI et Marie-Antoinette. Je ne leur souhaite pas la même fin!