17.11.2010
Bayrou, le MoDem et les altermondialistes.
Parmi les regrets que j'ai eus depuis 2007, il y a le fait que Bayrou n'ait, semble-t-il, pas vu que parmi les 6.8 millions de voix, il y avait notamment un petit paquet d'altermondialistes. Et si il l’a noté, il n’a pas considéré cela avec suffisamment d’attention. Il fallait "s'occuper" d'eux, je veux dire par là: leur parler, leur demander leur avis... ce sont des personnes qui mettent du temps à se forger un avis. Ils sont de vrais citoyens, se posent beaucoup de questions. Il y avait moyen de les intégrer peu à peu à la troisième voie. Sans spécialement chercher à les faire adhérer au parti, d'ailleurs. C'est souvent contre-productif chez ce genre d'esprits indépendants. C’est d’autant plus surprenant que Bayrou lui-même nous vient du Larzac…
C'est une des raisons pour lesquelles j’ai vécu mon engagement au MoDem avec Quitterie Delmas. Lorsqu’elle en est partie, j’ai vu s’éloigner une jeune femme que j’aimais bien. Je m’inquiétais sur ce qu’était le MoDem et sur ce qu’il pouvait être. Pris par ces questions, je ne me suis pas posée celle de l’altermondialisme au sein de notre « Troisième voie ». Puis, pour d’autres raisons, j’ai quitté le Mouvement Démocrate. Mais voilà… sans doute serais-je resté si l’altermondialisme avait eu une place dans nos débats d’idée. Avec le recul, je fais donc le constat que Quitterie était une des rares responsables au MoDem, si ce n'est la seule, à se poser les mêmes questions que les altermondialistes. Et donc à faire vivre ces questions au sein du MoDem. Je me souviens aussi d’un militant me disant qu’e lors d'une réunion au siège du MoDem, il avait posé une question sur la limite du système bancaire à Jean Peyrelevade et que celui-ci avait balayé la question au lieu d’accepter le débat sur le plan proposé par ce jeune, proche de l’altermondialisme. Ce détail est le symbole d’un raté. C’est en dialoguant avec les altermondialistes qu’on peut refonder le capitalisme, pas sans eux…
il est vrai que c'est aussi aux altermondialistes de ne pas s'entretenir eux-mêmes aussi dans leur opposition systématique au système actuel, et de faire l'effort de débattre avec les tenants du capitalisme libéral. Le risque de se voir renvoyer nettement son idéalisme intransigeant au visage est peut-être trop élevé... (soupir...) C'est notamment pour cette raison que j'en reste à une observation distante d'Europe-écologie, qui n'a pas encore envoyé de signes clairs et nets disant que cette coopérative politique proposera du concret sur l'ensemble du capitalisme libéral mondial. Et pas simplement à une condamnation globale et à des modifications marginales: plus (taxe Tobin) ou moins (détaxation de tes propres frais de réparation de Velib' ;-) marginales, certes...
Moi, neuf en politique en 2007, je pensais que je ne savais pas grand chose et que Bayrou était conscient de cet enjeu politique interne au MoDem: intégrer la pensée altermondialiste à nos débats. J'étais dans l'évidence (je dirais aujourd'hui l'illusion) que Bayrou savait la valeur citoyenne de cet apport au MoDem. Je pense aujourd'hui que non, il n'avait pas les capteurs branchés là-dessus. Par manque de recul, je n'ai pas su l'exprimer. Oui, vraiment, c'est pour moi un regret. Je suis profondément centriste et démocrate. A quand un parti démocrate avec un vrai rassembleur à sa barre? A quand des démocrates haussant leur niveau de débat à la complexité multiple de la mondialisation?
19:56 | Lien permanent | Commentaires (8)
14.11.2010
écoeurement ministériel
Je n'ai que ce seul mot à dire sur ce morose remaniement ministériel. La France atteint l'écoeurement vis-à-vis du chef de l'Etat et de sa gouvernance.
La seule question à se poser à partir d'aujourd'hui est plus que jamais celle-ci: Comment être heureux en 2011?
On ne va quand même pas perdre encore un an à dire et à commenter tout ce qu'il y a de mauvais dans la politique gouvenrmentale! On sait que rien d'important ne changera. Le renouveau ne peut passer que par la problématique de la construction.
Qu'est-ce que nous construisons? Avec qui? Comment? Pour quels objectifs prioritaires et quels objectifs secondaires? A quelle(s) échéance(s)?
Le reste n'est que participation au déclin de l'empire occidental, à la droite décomplexée, à la gauche décomplexée, aux medias décomplexés. Ce ne sont pas des complexes dont ils se sont débarrassés, c'est de la complexité. Pour nous vendre du simplisme à toute heure du jour et de la nuit. C'est décidé, je n'achète plus.
14:34 | Lien permanent | Commentaires (0)
09.11.2010
Le gaullisme, c'est du passé.
Il y a beaucoup de preuves que le gaullisme n'a plus de raison d'être, qu'il n'a plus de réalité prégnante. Ce n'est qu'un vernis de marketting pour les partis de droite.
Tellement de preuves existent.
La seule dont je vais parler aujourd'hui est le populisme à l'œuvre depuis mai 2007. Il y a quelques mois, j'avais écrit un article sur mon profil Facebook pour réagir à la stupidité d'une demande d'un députée UMP au Président Sarkozy.
Le voici:
L'UMP va plus loin dans la démagogie. Plus profond dans le populisme. Ça n'en finit pas de pourrir.
( http://actu.voila.fr/actualites/politique/2010/03/31/desamour-une-deputee-ump-a-ose-le-mot-qui-etait-sur-toutes-les-levres_522061.html : Cet article n'étant plus en ligne, je vous en propose un autre traitant rigoureusement du même événement: http://www.lejdd.fr/Politique/Actualite/Bouclier-L-Irles-... ndlr du 9 novembre)
Cette députée, certes courageuse, demande de l'amour au chef de l'État. Rien que ça. Sarkozy, quand même un peu Président de la République, répond qu'il est là pour faire, non pour aimer ou être aimé. C'est assez risible tout de même car si l'on regarde en arrière, on constate que durant toute l'année 2007, il touchait les écrouelles...
Même après, si un Français subit une tragédie, il se rend à son chevet, ou auprès de sa famille.
La députée UMP, Jacqueline Irles, est présentée par le site de Voila-actualités comme allant au créneau contre Sarko, mais en fait, elle joue complètement son jeu. Elle demande le retour de l'amour entre le peuple et le Chef de l'État, et à la fin de l'article, elle dit que le chef de l'État voulant rencontrer chaque mois les députés de sa majorité, leur donne un signe d'amour.
No comment... si, un:
On plane au ras du fond de la piscine.
La droite décomplexée, c'est la fin d'une certaine idée de la France.
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CQFD .
21:10 | Lien permanent | Commentaires (0)
06.11.2010
Reportage suisse sur la pression de Sarkozy sur les medias
http://www.bu2z.com/video/reportage-sarkozy-censure.html
Certes, un reportage a toujours une part de subjectivité. Mais là, tout ce qui est clairement objectif nous donne déjà une addition très, très lourde. Alors si on applique simplement la règle du "juste milieu", on peut affirmer que la liberté de la presse en France est en-dessous du seuil de pauvreté.
14:01 | Lien permanent | Commentaires (2)
03.11.2010
Le signal, ce sera quand Carla dira: "Qu'ils mangent des bananes!"
Cette fois-ci, le Président de la République, monsieur Nicolas Sarkozy, a franchi le Rubicon.
C'est une information du monde.fr , basée sur un travail du Canard Enchaîné :
" Nicolas Sarkozy supervise personnellement la surveillance de certains journalistes " .
L'article paraît ce mercredi 3 novembre dans le Canard.
Je ne suis pas juriste. Je ne peux pas vous citer les articles de notre Constitution et de notre loi, expliquant en quoi Nicolas Sarkozy agit anticonstitutionnellement et illégalement lorsqu'il se livre à cette activité de pression sur les journalistes.
J'ai toujours cru que le plus long mot de la langue française n'était pas fait pour être utilisé. Dans mon esprit, ce mot était là pour montrer la limite. On ne peut pas aller au-delà. Nicolas Sarkozy le peut. C'est en cela qu'il franchit le Rubicon. Il assume le fait qu'il n'a pas à respecter la loi.
Nous sommes au-delà d'une zone. Celle où les pouvoirs sont partagés. Comme quand celui de César était au nord du Rubicon et celui de Pompée au sud. A la différence de cet épisode antique, ce n'est pas une guerre civile que cela va déclencher. Sarkozy a effectivement tous les pouvoirs qui viennent de lui ou mènent à lui. César-kozy...
Je me disais encore aujourd'hui que je savais pourquoi j'avais voté non au référendum pour le quinquennat. Le fait que les législatives soient juste après les présidentielles, et que la durée soit la même, montre bien que le pouvoir législatif a été programmé pour dépendre du pouvoir exécutif. Le pouvoir judiciaire, dont les représentants ne sont pas désignés par le biais d'élections, par crainte du clientélisme et de l'emprise de la démagogie, se retrouve dans la main de l'exécutif. Plus ou moins, il est vrai.
Le "quatrième pouvoir" est le surnom des médias, de ceux qui informent. En effet, ils sont à la base de ce qui fait le choix des citoyens.
Qu'est-ce que cela veut dire quand le pouvoir exécutif décide directement de ce que les (principaux) journalistes peuvent dire ou non au peuple ?
"Dictature", crieront certains ; "mort de la liberté d'information donc de la liberté d'expression" ajouteront d'autres. Reprenons notre calme, cela est loin d'être aussi grave. La preuve en est que cet article sur mon blog ne me vaudra pas un seul ennui.
Soyons raisonnable, et logique: si le Président a besoin de contrôler ce que le peuple sait, c'est qu'il doute de lui-même. En effet, s'il ne doutait pas, il saurait premièrement que son action politique est juste et deuxièmement que sa communication pour l'expliquer au peuple est bonne.
Son action n'est donc ni bonne ni légitime à ses yeux. On pourrait arguer que même quand on a bien fait, le peuple peut voter contre nous. Je le reconnais bien volontiers. Mais actuellement, les partis des opposants politiques à Sarkozy n'ont pas beaucoup d'envergure. Ce ne sont donc pas eux qui peuvent l'inquiéter.
De même, les principaux médias dépendent de lui ou de ses amis. Allons-y pour une longue liste: Libé, le Monde, Le Figaro, bientôt Le Parisien... Direct Soir, Direct Matin. Passons à la télé: les chaînes publiques dépendent aujourd'hui du chef de l'Etat plus qu'avant: France 2, 3, 4, 5... et les chaînes privées de ses amis: TF1, Direct 8...
Et il craindrait que ses décisions politiques, censées être bonnes, soient critiquées par des gens que lui et son clan tiennent in fine ???
Soyons sérieux. Sarkozy sait qu'il ne fait pas de bonnes choses, et qu'il faut qu'il fasse croire le contraire aux citoyens.
Ces citoyens sont effectivement fragilisés par beaucoup de choses actuellement. Pas seulement économiquement. Ils sont fragilisés socialement par le populisme qui a atteint plus profondément les veines, les artères et les nerfs de leur vivre-ensemble. C'est visible dans tous les médias. Ce qui y est donné la plupart du temps à consommer est laid, vide de sens, vulgaire, voyeur... et j'en passe. Pour reprendre la métaphore antique, ce sont les Jeux du Cirque version moderne. Après les combats de gladiateurs et autres sacrifices humains, on a la télé-réalité et autre jeux basés sur l'argent pour divertissements. Qui en sort grandi? Quel humain est valorisé par ces choses censées "divertir"?
Quand le peuple criera sa faim de justice, peut-être Carla dira-t-elle "qu'ils mangent des bananes" ? Nous ne sommes pas des singes. Nous nous révolterons. Et leur république bananière, nous y mettrons fin. Non sans avoir montré l'indignité, la bassesse et la gravité de leurs agissements, à ces borgnes qui s'accrochent à un pouvoir vacillant.
Et simplement heureux et sereins, nous rétablirons la séparation des pouvoirs.
Oui, je rêve. Mais le seul vrai pouvoir d'un homme est dans sa capacité à rêver et à en injecter une part dans sa réalité. Et ce pouvoir-là est toujours dans le partage.
Et n'oublions jamais, et rappelons-le tranquillement et sans hargne au Président: La seule sortie de l'impasse, c'est le demi-tour.
J'ai une carte postale avec cette image dans mes toilettes:
Je pense toujours à la même personne quand je regarde cette image. Et vous?
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