Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

09.01.2010

comme un château de cartes

En lisant l'article suivant, je me félicitais de m'être calmé au niveau de mon antisarkozysme primaire. J'attends à présent que le moment soit de souffler sur Sarkozy, pour qu'il s'écroule... comme un château de cartes.

Article signé d'Edgar Morin, édition du Monde du 10.01.2010 (en ligne dès le 9)

01.01.2010

La fin du mythe du Sauveur

Actuellement, parmi les grandes évolutions que vit notre monde, j’en vois deux qu’il faut regarder avec davantage de perspicacité.

La première est la fin du mythe du Sauveur.

Cette fin est lente, elle tarde. Oui, ce mythe a la vie dure, car nombres de démocraties sont pleines de citoyens qui, dans leur ensemble, croient que choisir la bonne personne à la tête de l’Etat est l’étape-clé pour faire progresser leur pays.

Un mythe consiste à transformer la perception des faits réels, en fonction de croyances surnaturelles non assumées.

(Ces croyances non assumées sont des superstitions. Une religion basée sur une foi personnelle et tolérante est faite de croyances assumées. Superstitions et mythes n’ont pas de place dans une religion profonde et ouverte. En théorie. Dans la vie, tout le monde croit plus ou moins aux mythes, et est plus ou moins superstitieux.)

Pourquoi continuons-nous de penser qu’un homme ou une femme choisi(e) par 50% +1 des électeurs recevra « la force toute puissante par le pouvoir du crâne ancestral » tels que l’auraient eue Vercingétorix, Jeanne d’Arc, Henri IV, Lafayette ou De Gaulle ?

La République n’a rien de sacré, et le choix du peuple n’est pas une onction. Notre république ne mérite pas qu’on lui invente un paganisme d’apparat.

Nous sommes responsables les uns devant les autres, et les uns des autres. Là est notre contrat social.

(Et si Dieu existe, il serait fier de voir que nous ne cherchons pas à inventer des idoles pour combler je ne sais quels vides de notre existence)

Si l’on a séparé le religieux du politique, ce n’est pas pour y réintroduire du sacré, mais bien pour continuer d’expurger la vie politique de certaines manipulations des esprits.

Nous sommes responsables les uns devant les autres, et les uns des autres. C’est là notre seule bénédiction.

Où chacun va-t-il puiser sa source d’inspiration, de force, de liberté, de vertu ? Cette question humaniste n’est pas à enfermer dans le champ du politique. Le politique doit se saisir de cette question, mais surtout en laisser la part belle à tous les humains, et notamment aux penseurs quels qu’ils soient : philosophes, anthropologues, religieux ou autres.

Exemple concret :

Obama ne se veut pas « sauveur », mais il veut être force de proposition et levier d’action. Seulement il lui a fallu user d’un peu de populisme, sans lequel il n’aurait pas pu gagner les élections de 2008, c’est évident. Et aujourd’hui, le voilà un peu coincé avec son « yes, we can » qui ne met pas en mouvement ses soutiens nombreux dans une dynamique convergente, car "yes, we can"what ? ... "oui, nous pouvons", mais nous pouvons quoi ?

Nous sommes ici dans une conscientisation lente du fait que de nouveaux rapports entre le peuple et ses représentants sont à inventer.

En France, que Ségolène Royal ait gagné ou pas l’élection de 2007, la démocratie participative n’aurait de toute façon pas fonctionné.

Le modus operandi de la démocratie participative n’est toujours pas mis au point, ni par le PS ni par un autre parti.

Or, ce n’est pas parce que ce n’est pas encore au point que la démocratie participative ne doit pas être visée, ni que le mythe du Sauveur ne doit pas passer à la trappe le plus vite possible.

En outre, cette idée prônée par Ségolène Royal partait du même constat que celui que je fais maintenant : la démocratie par mandat, cette démocratie, comme je l’ai déjà dit ici, par  « chèque en blanc » signé pour 5 à 9 ans, par les électeurs, ne suffit plus.

Notre « démocratie mandataire » actuelle crée une démocratie de vernis, cela revient à accepter la démagogie comme principe de gouvernement. Depuis 2 ans, pas un parti de France n'a pas formulé de critiques très sévères contre le gouvernement actuel et son maître, le président de la République, plus ou moins directement à cause de ce problème. Les décisions prises sont assumées par leur possibilité d’être prises. La légitimité de ces décisions compte évidemment, mais elle ne vient qu’après. Si vous acceptez de suivre mon conseil, observez avec cet angle de vue les débats sur n’importe quel média, c’est atterrant.

On m’avait opposé l’argument que faire participer à certains moments de la mandature les électeurs signifiait que : si les citoyens pouvaient donner leur avis - par exemple à moitié de mandat - , cela signifierait qu’ils pourraient changer les élus à mi-mandat et donc qu’il y aurait « mandat impératif », et que cela n’est pas possible constitutionnellement !

Je ne savais plus quoi répondre. J’étais un peu consterné par le fait que si on émet une idée, il faut être capable de dérouler toute la modification constitutionnelle, sociale et politique qui s’en suit. Bref, on ne peut avoir une idée que si l’on réinvente tout le système.

Nous y voilà : La deuxième grande évolution que je vois est la fin de la puissance des systèmes.

Mais mes écrits sur les systèmes ne sont pas aboutis. Si cela vous intéresse, il vous faudra de la patience, beaucoup de patience.

A plus tard.

:-)