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10.01.2009

Un peu de développement durable et un peu de guerre dans ma journée


1. C’était tout à l’heure, dans l’après-midi. Je revenais d’une réunion dans mon lycée.

Cette réunion avait eu pour but de poursuivre l’organisation d’un voyage scolaire à Dakar. Notre partenariat avec un lycée sénégalais va bientôt commencer. C’est un lycée privé catho, comme le nôtre. Des jeunes aisés, à la vie plus facile. Comme chez nous. Mais là, le projet vaut le détour. Le partenariat se fonde sur le développement durable. Les lycéens-jumeaux doivent réfléchir et agir, chacun dans leurs lycées, puis ensemble, à des petits niveaux bien entendu, sur le développement durable, la sauvegarde de la planète.

Le développement durable devant être à la fois environnemental, économique et social, nous visiterons une usine sénégalaise, un dispensaire, nous planterons des arbres, etc.

Nous visiterons l’île de Gorée aussi. Ce si tristement célèbre lieu d’où sont partis tant d’esclaves pour l’Amérique.

J’ai toujours été sensibilisé à l’Afrique noire. J’y ai laissé une petite partie de mon cœur, suite à différents voyages. Et j’ai étudié l’histoire. On apprend plein de choses à l’université. On apprend par exemple à faire des liens pertinents entre des événements, des comparaisons valables entre des enjeux, d’époques différentes.

« La guerre de Troie n’aura pas lieu ». Giraudoux a écrit cette pièce de théâtre dans les années 1930. Cette pièce se finit quand la guerre de Troie commence. Pièce qui fait froid dans le dos si l'on pense à la guerre 39/45.

En début de semaine j’ai entendu dans les médias : « le conflit israélo-palestinien ne doit pas être importé en France ». J’ai réfléchi. Pas longtemps. Et je me suis dit : "Pigé. Il a commencé chez nous aussi." Pourquoi ? Parce que si les logiques, en l'occurence celles de l'affrontement, sont craintes, c’est qu’elles sont à l’œuvre. Je l'avais compris, certes; toutefois, pour cette nouvelle situation sociale dans mon pays, ce n’était pas intégré en moi.

2. Mais en rentrant de cette réunion, j’ai pris le métro. Je m’y suis tranquillement endormi sur mon bouquin. Réveillé en sursaut. Par des jeunes.  Des musulmans. De la manif. Venus à République pour soutenir la Palestine. Ils rigolent, ils chahutent. Et puis ils crient. L’identitarisme s’installe et se montre. On crie qu’Allah est grand dans la langue du prophète. Sans respect ni pour l’un ni pour l’autre. Ces jeunes ont 16 ans grand max. Ils ne font peur à personne dans la rame. Ils gênent, c’est tout. Et puis voilà. J’entends le mot « juifs », mi-tu, mi-scandé. Je tends l’oreille, prêt à intervenir. La provoc ne va pas plus loin. Des filles entrent. Elle crient que c’est l’humanité qui est tuée à Gaza, avec des slogans tout faits. Puis rigolent. Se découvrant capables de crier dans le métro, mais essayant surtout d’assumer et n’y arrivant pas tout à fait. Ceci n'est que mon point de vue. Je pense qu’elles font honte à ceux qui souffrent directement des bombardements. Mais je n’ose pas leur dire. Je trouve la phrase qui me vient à l’esprit trop moraliste. Qu’est-ce que c’est dur de s’adresser à une conscience. Alors à des consciences !

Les garçons sortent, tout contents de courir vers leurs potes. Le métro ne redémarre pas. On est à République. Je quitte la 8. Je  vais prendre la 3. Pour choper Saint-Lazare... et poursuivre ma lecture de l'Evangile selon Pilate. A quand le Coran selon George Bush ?

Bref.

J’ai acquis aujourd’hui une certitude inébranlable : Aucune identité ne doit se former dans la victimisation. Les identités culturelles, communautaires, peuvent être développées. Elles doivent l’être. Mais alors sur la base de la dignité. Jamais sur celle du droit de la victime. Si l’identitarisme se développe sur une souffrance légitimante, il fabrique du fascisme.

Le chemin de la paix, c’est la dignité reconnue et partagée.

Le chemin de la paix, c’est, comme l’a dit Martin Luther King… allez, je vous en garde un peu pour plus tard

 

 

 

Commentaires

Le chemin de la paix (et du co-développement durable), c’est la dignité reconnue et partagée.
Pourquoi un 1) et un 2) dans ta note?

J'aime toujours bien ton chemin! Y a de la place pour une prof de français dans ton projet? En culture comparée?
Et l'Evangile est le meilleur d'EESchmitt, il ne faut pas en lire d'autre! "Bienheureuse faute qui nous valut un tel Sauveur!"

Tu n'as pas manifesté alors?

Écrit par : Mapie | 11.01.2009

Bah un 1 et un 2, c'est pour chapitrer ;-) Je me dis que la lecture à l'écran est pas facile pour tout le monde (à commencer par moi) et j'essaie donc de proposer des parties petites et accessibles.

Faute de temps, je n'ai donc pas manifesté. Franchement, je ne sais pas comment j'aurais supporté cette expression "identitariste" de l'intérieur.

(dans le projet de notre lycée, il n'y a hélas de la place que pour les personnes du lycée semble-t-il... dsl, chère Mapie)

Écrit par : GuillaumeD | 11.01.2009

Dommage! Enfin, ça vaut peut-être mieux pour mon quota de sommeil et donc ma santé mentale de ne pas me lancer dans un nouveau projet;-)

Je voulais juste relier ce que tu avais détaché mais je t'accorde que le découpage facilite la lecture. Remarque, y a déjà les couleurs...

J'irai (enfin j'espère pouvoir aller, plutôt!) mercredi à la manif châlonnaise, j'en profiterai pour sentir ce qui est en jeu dans tout ça et pour discuter avec des gens différents.

C'est dur de s'y retrouver et d'apprendre à penser juste au coeur de tout ça!

Il faut effectivement lire MLK, ça aide: "Je crois que des hommes inspirés par l'amour du prochain pourront reconstruire ce qu'ont détruit des hommes inspirés par l'amour de soi."

Même si je suis une femme, j'aimerais bien pouvoir compter parmi les premiers... Trouver la voie pour ça! ;-)

A plus tard pour te lire sur MLK...

Écrit par : Mapie | 11.01.2009

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