16.03.2009
C'est juste que ça me fait mal
Je suis pour la liberté des femmes, pour leur pleine égalité en droit avec les hommes. Je suis prêt à me battre pour cela.
Je suis pour une science libre de se développer hors de tout obscurantisme. Je suis prêt aussi à me battre pour ça.
Mais j'ai mal quand on omet une question fondamentale, question qui est posée habituellement par la science:
Quand commence la vie humaine?
Pour moi, c'est dès la conception. Ce n'est pas qu'une posture religieuse. C'est surtout ce que j'ai appris dans mes cours de biologie en terminale scientifique. (et j'en ai fait deux! Une dans le privé catho, et après avoir raté mon bac C, une terminale S, dans le public. Et à chaque fois, la même chose: "nouvel individu dès la conception". Et les 2 fois, même sourire gêné de la prof...)
Je ne veux donner aucune leçon de vie. Je ne veux établir aucun principe. Je ne veux pas plaquer mes convictions sur les libertés des autres. Mais si on mène une réflexion sur la science ou sur la loi, et que cette question est omise à cause de son caractère génant, ou trop abrupt, alors j'ai mal. Mal à mon humanité.
15:55 | Lien permanent | Commentaires (7)
Commentaires
C'est la vie qui commence dès la conception.
La vie humaine, cela demanderait de définir ce qu'est un "homme" et à partir de quand on considère l'être.
Le noyau, l'embryon de quelques jours, sont-ils déjà des êtres .. humains ?
Écrit par : marie laure | 16.03.2009
Je n'ai pas accès à l'article que tu as mis en lien, mais je peux te faire part de ce que j'avais dit lorsque j'avais abordé le sujet (cf. lien avec le pseudo).
Dès le zygote on a affaire un être humain, c'est un fait biologique incontestable. Mais il y a un second niveau plus "fonctionnel" dans la définition de l'être humain, et là c'est bien plus flou (en termes de critères, de variabilité individuelle lors des grossesses, etc)... d'autant plus que cela pose de (gros) problèmes, par exemple vis-à-vis des êtres qui rempliraient (certains animaux) ou pas (enfants, handicapés, comateux) les critères retenus...
Le plus simple à mon sens, c'est de reconnaître le caractère humain au sens propre donc dès la conception, sans pour autant s'interdire toute action sur ce qui relève de l'humain - l'important étant que ce qui est autorisé le soit de manière transparente et assumée (et contrôlée...). Cela peut ressembler à une boîte de Pandore et il faut rester très vigilant, mais dans le cas contraire (humain intouchable) on pourrait aussi se poser pas mal de questions sur certaines pratiques actuellement tolérées voire répandues... donc les implications sont complexes dans les deux cas (mais c'est ce qui fait tout l'intérêt de ces sujets).
Écrit par : florent | 16.03.2009
@marie-laure
intéressant, mais je reste en désaccord avec ta distinction.
@florent
je vais lire avec application ton lien et celui dans ton blog vers l'hérétique ( et on en reparlera, d'ailleurs... ça fait longtemps qu'on ne n'est pas vus !?)
Écrit par : GuillaumeD | 18.03.2009
En effet ça n'a que trop duré ;-)
Écrit par : florent | 18.03.2009
J'ai lu les deux articles proposés en lien par Florent: ils sont riches et nuancés. Je voudrais juste ajouter que si on refuse de se placer sur le plan de la religion pour discuter de ces sujets, on ne peut se dispenser de partir de celui des principes (même quand on n’a pas envie de les affirmer parce qu’on n’a pas le temps, Guillaume ;-)
Lorsque vous dites, l'Hérétique, Florent et toi que l'embryon est humain ou que le projet des parents est un projet de responsabilité et non de possession, il en va d'une certaine conception de ce qu'est un être humain, et on ne peut faire l'économie de la définition de ce qu'est l'homme dans ce débat. En cela je rejoins la réflexion de Marie-Laure. Parce que ce qui vous rapproche effectivement tous les trois, c'est un postulat de départ qui ne peut être relatif, ni laissé au gré de chacun. Le législateur doit bien se fonder sur des principes pour se déterminer et le fait de ne pas vouloir les affirmer ou de les maintenir dans l'implicite laisse la possibilité de nombreuses interprétations contradictoires, ce qui n'est pas un mal en soir car garantir la liberté dans ce domaine me paraît bien sûr nécessaire. Je ne suis pas moi-même opposée à l'avortement. Cependant il me semble bien en effet, qu'il est souvent utilisé dans d'autres cas que ceux que vous reconnaissiez comme acceptables...
Est-ce qu'on ne pourrait pas dire que ce qui caractérise notre liberté au Modem c'est qu'elle s'appuie sur l'affirmation de ce genre de convictions: l'humanisme au coeur, cela veut dire que l'importance accordée à l'humain (à partir du moment où on a défini qu'un homme n'était pas seulement un organisme) n'est pas négociable, que l'humain ne peut être objectivé sous aucun prétexte, ni économique, ni biologique, ni médical... Dans le cas des embryons surnuméraires, j’entends. Pour moi, le vrai débat sur cette question, ce n’est pas ce qu’on en fait, c’est qu’ils existent !
Alors, on en revient toujours au même: c'est à dire qu'à partir du moment où le législateur se dispense d'énoncer les principes, chacun est librement chargé de se donner ou non les moyens d'éclairer ses choix. Et on oublie le plus souvent de proposer les moyens d'éclairage parce que l'électricité coûte cher comme l'éducation, et qu'un enseignement philosophique qui soit véritablement destiné à construire des citoyens responsables (je n’ai pas dit ceux qui feraient les mêmes choix que moi !) pénaliserait largement le temps de cerveau disponible pour Coca-cola... On laisse donc l'humain se débrouiller avec des choix qui le traumatiseront pour longtemps sans lui donner réellement la liberté de choisir...
Et on retombe ici sur la définition de ce qu'est un homme: pas un consommateur, non. Un corps plus ou moins complet, un esprit plus ou moins complet mais surtout un être en capacité d’évoluer, de créer du lien et bien d’autres choses, quelles que soient les conditions de son existence et même celles de sa naissance... à condition qu’on lui propose de quoi mettre en œuvre ses infinies capacités d’épanouissement et d’adaptation, sans quoi il reste une mécanique interagissant dans un univers mécanisé. Il est alors très facile de lui reconnaître des limites qui justifient bien des choix, y compris sur le plan économique dans notre société. N’y a-t-il pas en effet une certaine continuité entre ce qu’on fait de l’homme dans le système marchand à l’hôpital, chez Continental, Texaco ou dans les éprouvettes de certains laboratoires ?
Pardon Guillaume d’être aussi longue comme souvent, mais j’aime bien penser chez toi, même sans prétention aucune ;-)
Écrit par : Mapie | 18.03.2009
C'est bien d'avoir fait un commentaire développé, je le trouve intéressant et Guillaume aussi certainement.
Écrit par : florent | 19.03.2009
La lucidité de Florent est à toute épreuve :-)
Écrit par : GuillaumeD | 19.03.2009
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