Encore un recul de la démocratie

Si notre bon vieux George laissait sa tasse café pour retourner aux Urgences, il retrouverait sans doute notre bon vieux Carter lui disant, certes avec sang-froid: "on la perd". Qui donc? Notre démocratie.

Je cite cet extrait, à la fin de sa note de ce matin, du député François de Rugy sur son blog :

 

Bernard Accoyer prend la parole pour lire une déclaration soigneusement préparée. Il annonce tout de go qu'il clôt la discussion accusant les députés de gauche de détourner le règlement. Il lève la séance après avoir précisé que le vote solennel aurait bien lieu ce mercredi à 15 heures comme prévu, ce que le déroulement des explications de vote individuelles rendait impossible.

Acclamé par des députés UMP debout, il refuse les prises de parole, y compris des présidents de groupe et se retrouve quasiment à fuir l'hémicycle, poursuivi par quelques députés de l'opposition furieux et par des journalistes tout heureux qu'il se passe enfin quelque chose !

 

Déjà plusieurs fois depuis trois ans, les députés de l'opposition se sont plaint du manque de respect des règles parlementaires. Leurs plaintes n'ont rien donné, n'ont rien changé, rien corrigé. Le président de l'Assemblée, c'est-à-dire l'ultime responsable des réprésentants du peuple élus spécialement pour élaborer les lois, ne respecte pas suffisamment les propres lois qui permettent à l'institution dont il est le chef de fonctionner. Ce n'est pas la fin du monde, certes. Ce sont des querelles futiles, du point de vue des méthodes trouvées pour mener le combat politique naturel pour des partis d'opposition. Mais le fait que ces ruptures de légalité soient possibles, que la majorité des citoyens ne sachent pas ces détournements de la loi (dans son élaboration) et que ceux qui le sachent ne fassent rien, notamment parce qu'on ne peut rien y opposer d'efficace, c'est grave. 

Le pouls bat encore à peu près suffisamment, pour encore garantir l'exercice du droit de vote aux Français. Et pourtant, lentement et sûrement, le pouls continue de diminuer. Mais les urgentistes sont ailleurs, occupés à boire un café qu'ils estiment indispensable.