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03.11.2010

Le signal, ce sera quand Carla dira: "Qu'ils mangent des bananes!"

 

Cette fois-ci, le Président de la République, monsieur Nicolas Sarkozy, a franchi le Rubicon.

 

C'est une information du monde.fr , basée sur un travail du Canard Enchaîné :

" Nicolas Sarkozy supervise personnellement la surveillance de certains journalistes " .

 

L'article paraît ce mercredi 3 novembre dans le Canard.

 

Je ne suis pas juriste. Je ne peux pas vous citer les articles de notre Constitution et de notre loi, expliquant en quoi Nicolas Sarkozy agit anticonstitutionnellement et illégalement lorsqu'il se livre à cette activité de pression sur les journalistes. 

J'ai toujours cru que le plus long mot de la langue française n'était pas fait pour être utilisé. Dans mon esprit, ce mot était là pour montrer la limite. On ne peut pas aller au-delà. Nicolas Sarkozy le peut. C'est en cela qu'il franchit le Rubicon. Il assume le fait qu'il n'a pas à respecter la loi.

Nous sommes au-delà d'une zone. Celle où les pouvoirs sont partagés. Comme quand celui de César était au nord du Rubicon et celui de Pompée au sud. A la différence de cet épisode antique, ce n'est pas une guerre civile que cela va déclencher. Sarkozy a effectivement tous les pouvoirs qui viennent de lui ou mènent à lui. César-kozy...

Je me disais encore aujourd'hui que je savais pourquoi j'avais voté non au référendum pour le quinquennat. Le fait que les législatives soient juste après les présidentielles, et que la durée soit la même, montre bien que le pouvoir législatif a été programmé pour dépendre du pouvoir exécutif. Le pouvoir judiciaire, dont les représentants ne sont pas désignés par le biais d'élections, par crainte du clientélisme et de l'emprise de la démagogie, se retrouve dans la main de l'exécutif. Plus ou moins, il est vrai.

Le "quatrième pouvoir" est le surnom des médias, de ceux qui informent. En effet, ils sont à la base de ce qui fait le choix des citoyens.

Qu'est-ce que cela veut dire quand le pouvoir exécutif décide directement de ce que les (principaux) journalistes peuvent dire ou non au peuple ?

"Dictature", crieront certains ; "mort de la liberté d'information donc de la liberté d'expression" ajouteront d'autres. Reprenons notre calme, cela est loin d'être aussi grave. La preuve en est que cet article sur mon blog ne me vaudra pas un seul ennui.

Soyons raisonnable, et logique: si le Président a besoin de contrôler ce que le peuple sait, c'est qu'il doute de lui-même. En effet, s'il ne doutait pas, il saurait premièrement que son action politique est juste et deuxièmement que sa communication pour l'expliquer au peuple est bonne.

Son action n'est donc ni bonne ni légitime à ses yeux. On pourrait arguer que même quand on a bien fait, le peuple peut voter contre nous. Je le reconnais bien volontiers. Mais actuellement, les partis des opposants politiques à Sarkozy n'ont pas beaucoup d'envergure. Ce ne sont donc pas eux qui peuvent l'inquiéter. 

De même, les principaux médias dépendent de lui ou de ses amis. Allons-y pour une longue liste: Libé, le Monde, Le Figaro, bientôt Le Parisien... Direct Soir, Direct Matin. Passons à la télé: les chaînes publiques dépendent aujourd'hui du chef de l'Etat plus qu'avant: France 2, 3, 4, 5... et les chaînes privées de ses amis: TF1, Direct 8...

Et il craindrait que ses décisions politiques, censées être bonnes, soient critiquées par des gens que lui et son clan tiennent in fine ???

Soyons sérieux. Sarkozy sait qu'il ne fait pas de bonnes choses, et qu'il faut qu'il fasse croire le contraire aux citoyens.

Ces citoyens sont effectivement fragilisés par beaucoup de choses actuellement. Pas seulement économiquement. Ils sont fragilisés socialement par le populisme qui a atteint plus profondément les veines, les artères et les nerfs de leur vivre-ensemble. C'est visible dans tous les médias. Ce qui y est donné la plupart du temps à consommer est laid, vide de sens, vulgaire, voyeur... et j'en passe. Pour reprendre la métaphore antique, ce sont les Jeux du Cirque version moderne. Après les combats de gladiateurs et autres sacrifices humains, on a la télé-réalité et autre jeux basés sur l'argent pour divertissements. Qui en sort grandi? Quel humain est valorisé par ces choses censées "divertir"?

Quand le peuple criera sa faim de justice, peut-être Carla dira-t-elle "qu'ils mangent des bananes" ? Nous ne sommes pas des singes. Nous nous révolterons. Et leur république bananière, nous y mettrons fin. Non sans avoir montré l'indignité, la bassesse et la  gravité de leurs agissements, à ces borgnes qui s'accrochent à un pouvoir vacillant.


Et simplement heureux et sereins, nous rétablirons la séparation des pouvoirs.

 

Oui, je rêve. Mais le seul vrai pouvoir d'un homme est dans sa capacité à rêver et à en injecter une part dans sa réalité. Et ce pouvoir-là est toujours dans le partage.

 

Et n'oublions jamais, et rappelons-le tranquillement et sans hargne au Président: La seule sortie de l'impasse, c'est le demi-tour.


J'ai une carte postale avec cette image dans mes toilettes:

shadoks_destination_inconnue.jpg

Je pense toujours à la même personne quand je regarde cette image. Et vous?

Commentaires

Effectivement, cette rengaine qu'on entend depuis quelques mois "Nicolas Sarkozy, au moins il fait bouger la France", fait délicieusement shadok !

Que notre Président de la République "doute de lui-même" et ait constamment besoin de la ramener pour persévérer dans l'être, c'est certes l'impression qu'il donne... et de façon particulièrement pitoyable dans son discours d'hier à Colombey-les-deux-Eglises, dont j'entendais les dernières minutes en direct à la télévision.

Le Président de la République étant le chef du pouvoir exécutif, et notamment des armées, qu'il supervise personnellement telle ou telle opération des forces de sécurité est son problème d'emploi du temps. En revanche, si l'opération qu'il supervise l'obsède au point de le détourner des problèmes du pays ; si elle est illégale ; si elle est destinée à réduire au silence ceux qui ont le devoir d'informer ;… je m'inquiète avec toi.

Quant à la jolie chute, "le seul vrai pouvoir d'un homme est dans sa capacité à rêver et à en injecter une part dans sa réalité. Et ce pouvoir-là est toujours dans le partage.", elle anticipait brillamment sur mon Président de parti qui est revenu lors de sa dernière interview sur "l'espoir crédible" dont il voulait déjà, à l'automne 2009, être "l'accoucheur".

Écrit par : FRédéricLN | 11.11.2010

Merci de ce commentaire juste.
J'ajoute que Bayrou a été très bon à la radio face à Askolovitch. Dès qu'il donne des propositions concrètes et s'abstient de commenter trop longuement les imbécillités "e part de part et d'autre (de gauche et de droite, pour être clair), il inspire confiance, c'est vrai. Mais hélas, ses travers reprendront tôt ou tard le dessus :-(((

Écrit par : GuillaumeD | 11.11.2010

Les commentaires sont fermés.