08.12.2008
Un prof raconte une des descentes de gendarmes dans sa classe (Gers). Seule France Inter l'a diffusé... "inadmissible" est le mot minimum pour décrire ça.
A écouter absolument, à faire suivre... et surtout à méditer.
Puis il faut se préparer à contrer les répressions. Il faut siffler la fin de la récréation du délire.
Ce témoignage audio dure seulement 2 minutes et demi.
( si j'ai bien compris, on peut retrouver ça sur www.la-bas.org )
J'ajoute que je veux exprimer toute ma solidarité et tout mon respect à cet enseignant. Sa dignité et sa force sont exemplaires
15:45 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : éducation nationale, gendarmerie, république
04.12.2008
Regardez bien l’actuelle Education Nationale, elle vit ses dernières heures
Je suis prof d’histoire-géo et je ne sais pas tout de ce qui se fera l’an prochain comme modification de l’organisation de la classe de seconde. Et pour cause, nous n’avons eu droit qu’à une mini-concertation, proposée au dernier moment, donc n’ayant quasiment aucune portée.
Il y a de bonnes idées, mais cela n’a aucune importance!! A quoi cela sert-il d’avoir des idées si les moyens ne sont pas là ???
Par exemple, on dit vouloir mieux accompagner les élèves, mais on renforce les difficultés du travail en classe, qui reste la base de l’apprentissage. En effet, préparez-vous: les classes vont être d’environ 40 élèves la plupart du temps. (ma source est anonyme: un directeur, mais pas le mien, après une réunion dans un rectorat d'une académie francilienne, mais pas la mienne...)
Et à 9 mois de la rentrée prochaine, tout n’a pas été communiqué aux lycées, loin de là !
Si vous me lisez jusqu’au bout, vous verrez que je réclame rien pour les profs, alors que si je commençais à parler des problèmes de notre métier, vous verriez que nous sommes à l’opposé de ces profs veinards qui ont la chance d’avoir tout le temps des vacances ! Bref.
Pour le collège aussi, des allègements sont prévus. Mais rien n'est encore ressorti de la concertation, qui certes a été réalisée dans des temps acceptables. Seulement, on ne sait pas comment nos idées vont être organisées. Il est très probable qu'on subisse ce même allègement de moyens.
Le but est d’avoir à moins payer de fonctionnaires, donc de réduire le volume horaire global de travail de tous les profs. Pourquoi pas? Mais le problème est que cela retire nécessairement des horaires aux élèves. Cela supprime des cours en demi-groupe, alors que ce type de cours est attendu par tout le monde : Parents, profs, et surtout élèves !
Attention, ce manque de moyens dans l’Education Nationale va rejaillir sur tout le monde … sauf les très très riches qui vont bientôt commencer à payer très cher un enseignement élitiste. Vont se développer les écoles, collèges et lycées à petits effectifs pour privilégiés.
L’égalité des chances était un problème, un débat. Elle était relative, voire très relative. Mais le principe existait. Elle vit ses derniers moments. Et il n’y a que quelques profs à son chevet.
Si j’additionne tout ce qui est prévu et déjà lancé comme changements pour l’organisation des classes de collège et lycée, sachant que je n’ai aucune idée de ce qui se fait dans le primaire (mais ça ne doit pas être mieux), j’ai mal à la tête:
1. Sous le prétexte de baisse démographique, on recrute moins de professeurs. Or, beaucoup de classes sont surchargées, dans le public comme dans le privé. Sachez que la norme est de 24 élèves par classe selon les règlements en vigueur. Mais puisque ce n’est jamais appliqué depuis des années, c’est oublié! Donc, lorsque l'on nous a dit qu'il y avait moins d'élèves démographiquement chaque année, on aurait dû répondre : "Ah! Alors on va pouvoir respecter les normes de nombre d'élèves par classe!" ... hum hum (chantons, ça défoule : "Mais ils sont où? Mais ils sont où les syn-di-cats? la lalala lala"...)
2. Les horaires par matières sont rognées, voire franchement diminuées suivant les disciplines concernées. La réforme de la classe de seconde pour la rentrée 2009 fait froid dans le dos à tous les profs. Ils craignent de devoir enseigner le même programme en moins d'heures par an avec plus d'élèves par classe. Absurde! Tout simplement absurde de baisser autant nos moyens. Nous n'aurons pas le temps de faire des activités dynamiques (au passage, on en n'aura pas l'énergie non plus!). Ce sera hélas plus de cours magistraux, avec un temps encore plus interminable à corriger les copies! Donc moins de temps pour préparer des activités novatrices. De toutes façons, comment pourrons-nous répondre aux demandes des inspecteurs de mettre les élèves en situation active dans le travail d'apprentissage si on est 40 sardines par salle?? Et comment en 55 minutes, suivre correctement le travail de 40 jeunes??? Jeunes qui, faut-il le rappeler, ont des difficultés de concentration et de compréhension globalement croissantes au fur et à mesure des années.
3. Sachez que l’an dernier, les profs de SVT (Sciences et Vie de la Terre, nouveau nom des sciences naturelles) ont manifesté. En effet, jusqu’alors, le temps à préparer les manipulations en labo était compté dans le temps de travail rémunéré, un peu mais pas suffisamment. Il est à présent réduit, voire pas du tout rétribué (ça dépend des établissements, si ils ont un employé pour cela en plus des profs ou pas)
4. Cette année, les profs de philo s’inquiètent pour les horaires attribués à leur matière dans les différentes sections. Ils ont manifesté.
5. Hier, c’était au tour des profs d’éco (SES: sciences économiques et sociales), et je n’ai pas eu le temps de me renseigner davantage sur ce qui les attend pour l’an prochain. A priori, le problème est que très peu d’élèves de seconde pourront choisir l’éco comme cours, vu qu’un certain nombre de matières importantes vont disparaître de la nouvelle organisation et que certainement, les élèves choisiront les matières anciennement obligatoires plutôt que l’éco (mais je ne suis pas sûr d’avoir tout bien saisi)
Je suis écœuré que l’Education Nationale soit vue uniquement sous l’angle d’un bilan comptable. Que les profs soient trop critiqués et surtout injustement, passe encore. C’est l’époque qui veut cela. Tout le monde en prend pour son grade.
Le fait que les rectorats mettent en place ces réformes est grave : ils renoncent aux objectifs pédagogiques écrits dans leurs propres textes. Ils sabordent le travail de milliers de pédagogues, dont ils sont responsables.
Mesdames et messieurs les citoyens, soyez les bienvenus dans le monde de l’hypocrisie. C’est celui dans lequel sont placés vos enfants. Auparavant, les moyens manquaient, ce n’était pas facile. Aujourd’hui, les moyens sont amputés, voire retirés.
Ceux qui ont du temps et des aptitudes pour suivre la scolarité de leur enfant au plus près sont les nouveaux privilégiés de notre république. Mais pourra-t-on encore longtemps parler de république?
Quant aux très riches, il ne leur reste plus qu’à méditer sur le chas d’une aiguille. Les conseils de belle-sœur pourraient s’avérer précieux … pour un homme et donc pour tout le pays.
(Personnellement, je vais sous peu cotiser pour la première fois de ma vie à un syndicat: la CFDT.)
1h du mat' , je me permets d'ajouter quelques liens:
http://www.rue89.com/marseille/2008/12/04/service-public-...
Appel du 8 novembre : L'Education Nationale en danger ! Pour une vraie formation des enseignants
Et sauvons les RASED !
23:25 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : éducation nationale, égalité des chances, république