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26.07.2008

Ce blog auquel je dois tant, victime du mythe de Narcisse.

J’ai lu avec beaucoup d’intérêt et de plaisir les descriptions des blogs par Luc Mandret ici. Comme l’a fait un de ses commentateurs, j’ai gardé ce texte sous la main pour pouvoir m’en servir à des fins explicatives, au cas où.

Mais sur un autre plan, je réfléchis à la limite des blogs et à leurs dangers potentiels (comme tout le monde j’imagine). Alors voilà...

Voici deux versions (entre autres) de la fin du mythe de Narcisse.

La première: Narcisse se meurt de langueur en n'arrêtant pas de contempler sa propre image

La deuxième (très rare, pas sur wikipedia): Il meurt en se noyant dans l'eau, = miroir qui reflète son image, faut-il le rappeler.

Aujourd'hui, 2 petits écrans sont nos miroirs narcissiques: la télé et l'ordi. Les blogs hélas ne mettent pas beaucoup en lien, ils sont plutôt des miroirs narcissiques en trompe-l’œil.

Je me noie de temps à autres dedans. Je le reconnais bien volontiers.

Mais surtout j’y observe des personnes qui sont en danger réel. Pas chez Luc (Ma Vie en Narcisse) malgré son titre. Mais chez Quitterie, aïe! , là-bas, c’est la queue aux urgences !

Peut-être car elle est, parmi les grands blogueurs, la plus visible chez « le grand Narcisse » (c’est comme ça que j’appelle la télé, qui demeure encore le plus grand des pièges).

Alors chère Quitterie, j’entends ton idéal : pas de censure, jamais de censure ! Je l’entends mais je ne le comprends plus.

Le prof que je suis s’irrite, car cela lui rappelle ses situations professionnelles du quotidien. Si quelqu’un ou quelques-uns prennent trop de place dans un groupe, il faut sévir. Quelle est la raison profonde à cette nécessité d’intervenir (et parfois durement)? Ce n'est pas parce que le groupe doit être rassuré face aux grandes gueules. Ce besoin d’être rassuré est légitime. Mais la réponse au sein du groupe doit être douce vis-à-vis de celui qui est instable, car c’est quelqu’un qui ne peut s’empêcher de se faire remarquer la plupart du temps. On ne lynche pas la différence. (Sur ce point, la défense de ton idéal contre vents et marées me touche beaucoup, Quitterie.)

Mais pensons au blogueur narcissique: il est en danger. Je pense qu’avoir un blog, c’est être responsable de ce qui y est communiqué. Et une communication n’est pas une simple affirmation. Etymologiquement, communiquer peut se voir comme mettre notre "unique" en "commun". La communication met les personnes en relation. C’est pour cela que je déteste l’anonymat, et tous ces pseudonymes. Comment peut-on prétendre communiquer sans marquer notre parole de cette identité « unique » qui nous constitue ?

 

Dans beaucoup de blogs, il n’y a plus échange, ni relations. Il y a confrontations de monologues. Mais aussi... ce sont des personnes de chair et d'os qui s’expriment. Eh bien, je le dis en toute humilité, je m’inquiète pour eux. Pour leur santé. 

“Don’t feed the troll”. Très bon réflexe. Mais si le troll résiste, que fait-on ? On le laisse se noyer à côté de nous ? Comme si de rien n’était ?

Gandhi avait dit qu'il préfèrait la violence à la lâcheté. Pourquoi? Notamment parce que l'agressivité, étymologiquement encore, c'est "aller vers". Ne pas faire face aux difficultés est pire que d'entrer en conflit. Mais une fois dans le conflit, il s'agit de ne pas viser sa propre victoire, mais d'établir la non-violence, une situation où chacun peut vivre librement.

L'enjeu de la communication sur Internet est comme tous les autres enjeux politiques: Réussirons-nous à vivre ensemble? Créerons-nous ces espaces où chacun de nous a une place juste? Parce que j'y crois, j'ai écrit cette note. Sinon, je serais allé porte de la Villette au cinéma en plein air voir "le bon, la bête et le truand".  Il faudra que j'écrive sur les mythes. Ils peuvent être chemins de liberté, ou ils peuvent emprisonner, ça dépend. Et ça dépend, ça dépasse... cette note.