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13.11.2008

lettre ouverte d'un militant MoDem à Vincent Peillon

Non, Bayrou n’a pas fait élire Sarkozy.

Pourquoi des lieutenants de Ségolène Royal, tels que vous, monsieur Peillon ce matin sur BFMTV, ou Delphine Batho dernièrement, dites-vous cela?

Pourquoi?

Voilà les faits: Beaucoup d’électeurs de gauche ont voté Bayrou au premier tour 2007 pour tenter de battre Sarkozy. Mais aussi pour des raisons de confiance et de projet, il est dommage de devoir le rappeler!

Puisque cela pourrait se répéter et s’amplifier, à savoir que Bayrou engrangerait plus de voix en 2012 et serait au deuxième tour, alors ceux qui savent que le candidat du PS risque de se faire avoir, posent déjà des jalons, martèlent déjà le message : Bayrou n’est pas un bon candidat anti-Sarko. S’il avait voulu le faire battre, il aurait pu.

A cela, Bayrou a déjà répondu: il savait que Sarko gagnerait. Il n’a pas voulu se lancer dans une bataille perdue alors qu’il ne voyait pas dans le programme de Ségolène Royal de solides garanties pour permettre à la France de repartir du bon pied.

Il me semble que c’était bien avant le premier tour que l’union était possible, d’une part.

D’autre part, il est étrange que des responsables de gauche reviennent sur cette idée, qu’on avait pourtant ces dernières années réussi à imposer, et c’était une des rares avancées politiques et citoyennes satisfaisantes récentes : Aucun candidat n’est propriétaire de ses voix !

Bayrou savait que beaucoup de citoyens lui ayant accordé sa confiance au premier tour ne suivrait pas son choix s’il s’engageait derrière madame Royal. Monsieur Peillon, veuillez me croire, un haut responsable politique doit connaître ses électeurs. Car après tout, il est à leur service. Et heureusement, les Français sont devenus extrêmement vigilants et ne s’embarquent plus tête baissée derrière un leader. Parce que Bayrou l’a compris, il n’a pas donné de consigne de vote. De ce point de vue, il est difficile de s'empêcher de penser que ce sont vos visions et vos méthodes politiques vieillottes qui plombent le PS et la gauche.

Alors taper sur le Mouvement Démocrate n’est pas très malin. Car d’une part, nous ne vous suivrons jamais dans votre vision du clivage gauche – droite, tout comme la plupart des Français. Et d’autre part, très peu de Français vous croiront dans cette vision ancienne de la politique.

On est seul dans l’isoloir. Parce que Bayrou a intégré cela, il a fait un très bon score aux élections de 2007. Parce qu’il a intégré cela, il a constaté avant le deuxième tour que Sarkozy allait gagner. Ce que, rappelez-vous, énormément de Français avaient compris dès le lendemain du premier tour...

Demander à Bayrou de se transformer en "un homme politique de gauche" pour renverser la situation avant le deuxième tour des élections, c’est prendre une partie de ses électeurs pour des moutons de Panurge! Entre cette vision et celle de De Gaulle qui nous prenait pour "des veaux", il demeure une France digne, en général silencieuse face à ces calculs politiques qui la navrent, et qui vote en conscience.

J’ai voté Royal au deuxième tour et je n’ai jamais regretté mon choix. Et il n'y a pas un jour où je n'ai pas regretté le choix de la majorité de mon pays : La politique actuelle est inquiétante sur le plan de des libertés publiques, socialement, et économiquement. Mais mon choix était un choix par défaut.

Qui peut penser que Bayrou aurait pu convaincre ses électeurs "de droite" de choisir un programme de gauche qui n'évoluait pas d'un pouce vers le sien, en moins de 15 jours ? Alors que Bayrou lui-même constatait de plus en plus durant cette quinzaine l'immobilisme du projet de Ségolène Royal, en terme de maîtrise de la dette publique, par exemple ?

Je sais bien que j'assiste depuis ma télévision à un bras de fer, où personne ne se soumettra de gré à cette alliance probable "gauche-centre-gauche-démocrates". Car il s'agit du leadership, celui nécessaire pour arriver en tête parmi les deux leaders: celui du PS et Bayrou.

Mais au delà de tout cela, je ne vous vois finalement qu’une seule responsabilité au Parti Socialiste : permettre un choix de conviction aux Français. Alors de grâce, ne cherchez pas une posture qui vous éviterait ce travail difficile. Car cette posture vous empêche de débattre avec nous, qui avons simplement le tort d'avoir une analyse politique différente de vous de la situation française. C'est notre droit, non? Débattons sur le fond! Et le plus vite possible!

Un réel débat démocratique est attendu par beaucoup de citoyens français.

"Une fois de plus n'est pas coutume" : je pense comme mon leader politique. Oui, les républicains et les forces de progrès se trouveront des points communs forts, qui formeront un vrai projet à proposer aux Français, en profonde opposition à celui de la politique sarkozyenne.

Aujourd’hui nous ne nous comprenons pas, j’en suis conscient, monsieur Vincent Peillon. Mais ne l'oubliez pas, le MoDem ne parlera jamais avec vous sur la base du clivage gauche-droite. Cela est trop ancré dans nos tripes. Et contrairement à ce que vous pensez, ce n’est pas parce que notre parti aurait à y perdre... Mais ce seraient bien les Français.

Commentaires

c'est beau, c'est grand, on dirait du Hugo ! Ouais car nous aussi on e a marre de Batho ! Je me permets de le publier sur notre blog. En plus, Batho c'est notre député !!! Vivement que ça change !

Écrit par : Orange Sanguine | 13.11.2008

J'aimerais retrouver l'article de Libé (au moment des Universités d'été) où le même Peillon appelait à un contrat de gouvernement avec le MOdem.
Depuis cet article il dit l'inverse (moi par exemple j'ai voté blanc au second tour) et aussi qu'à Strasbourg nous siégeons avec les Libéraux (il oublie démocrates) et surfe sur l'ignorance de ce qu'est le parlement européen. Conceptuellement je serais proche de V Peillon, son nouveau livre est très intéressant, mais là sa stratégie ouvertement politicienne est grotesque et mensongère. Tenons bon

Écrit par : FB | 13.11.2008

@OS
Merci pour le compliment (peut-être un poil flatteur? ;-) , et pour le relais!
@FB
Effectivement Florence, Peillon peut être très intéressant. D'ailleurs sinon, je n'aurais même pas pris la peine de lui répondre.

Écrit par : GuillaumeD | 13.11.2008

Tout à fait d'accord sur le fond avec ton analyse et ton appel à l'abandon du positionnement politicien, je suis tout de même un peu sceptique sur la capacité médiatico-politique française d'accepter d'entrer dans une certaine complexité de la pensée qui dépasserait la binarité!

Peut-être faut-il attendre que passe l'époque du sarkozysme triomphant où la pensée superficielle sévit et où le dépassement de la dialectique est encore exclu? Il est vrai que les politiques s'engouffrent dans la brêche déjà percée par les médias qui aiment les petits duels, et les guerres inter et intraclaniques. A ce propos la question récurrentes du meilleur opposant à Sarkozy fait bien rire!

Il faut ajouter à destination de M. Peillon que l'homme politique devrait accepter de devenir pédagogue pour retrouver une légitimité contestée par l'opinion aujourd'hui. Devenir pédagogue ce n'est sans doute pas céder à la facilité du simple à penser, bien au contraire. Si l'on veut éduquer l'opinion pour qu'une vraie démocratie soit possible, attirons-la vers le complexe; acceptons d'entrer dans le détail et l'analyse et ne cédons pas très vite aux attraits de la synthèse.

Pour conclure, je reprends les presque derniers mots de La Reine du Monde de Jacques Julliard, un essai très intéressant sur la démocratie d'opinion:""Démocratie, c'est démopédie", dit Proudhon. [...] Il n'est d'autre éducateur du peuple que le peuple lui-même, à la lumière de la raison et de l'expérience historique, à l'instigation de ses chefs. C'est donc du courage politique que procède d'abord la sagesse du peuple. Paradoxalement, c'est de leur capacité à dire non à l'opinion que peut sortir une opinion adulte. C'est pourquoi, je me permettrai de compléter Proudhon: doxocratie, c'est doxopédie."

Il ne s'agit peut-être pas ici de dire non ou alors de le dire à la facilité de la pensée qui arrange le peuple, ses chefs et ceux qui n'écrivent que de "petits" billets ou ne posent que de "petites" questions d'interview! Je suis encore en colère depuis l'interview de Quitterie sur F24!

Mais tes billets à toi ne sont pas "petits". Merci!

Écrit par : Mapie | 14.11.2008

Excellente correspondance, sincèrement...j'espère que M. Peillon aura le courage de ses actes, donc d'aller vraiment de l'avant AVEC LE MODEM comme il le cherchait fin septembre (en témoignait en effet sa tribune dans le Libé !).
autrement, moi aussi jadis au 2nd tour j'ai un peu voté "par défaut" pour Ségolène...Franchement espérons qu'elle adopte bientôt un vrai programme, parce que sinon ça ne sert à rien qu'elle vienne encore chez les centristes pour son seul renfort personnel! A quand la "franche pluralité" en France !

Écrit par : MoDeme | 14.11.2008

Excellente correspondance, sincèrement...j'espère que M. Peillon aura le courage de ses actes, donc d'aller vraiment de l'avant AVEC LE MODEM comme il le cherchait fin septembre (en témoignait en effet sa tribune dans le Libé !).
autrement, moi aussi jadis au 2nd tour j'ai un peu voté "par défaut" pour Ségolène...Franchement espérons qu'elle adopte bientôt un vrai programme, parce que sinon ça ne sert à rien qu'elle vienne encore chez les centristes pour son seul renfort personnel! A quand la "franche alliance" en France !

Écrit par : MoDeme | 14.11.2008

(excusez-moi, zut...mon "com" s'est comme qui dirait démultiplié! ;)

Écrit par : Modeme | 14.11.2008

Que de bla bla... c'est à n'y rien comprendre dans ce charabia...
pour moi petite française de la France d'en bàs!!!!
Excusez-moi d'intervenir dans votre discussion avec mon langage on ne peut plus simple, mais je ne vois pas pourquoi moi aussi je n'aurai pas mon mot à dire. Le droit d'expression serait-il la panacée des intellectuels ?
En ce jour, je me réjouis de la candidature de Ségolène Royal à la tête du PS et encore plus de celle de MR. Vincent PEILLON en tant que 2ème Délégué du Parti. Un homme resté trop longtemps dans l'ombre et qui n'a eu de cesse de servir les français sur le terrain et de les représenter au Parlement Européen préférant laisser les querelles des dirigeants entre-eux et ne se consacrer uniquement aux choses et aux êtres (seules valeurs) à ses yeux qui en valent la peine.
Désolée de vous décevoir mais Mr. Peillon saura très bien arbitrer les valeurs de la gauche française d'une part, et celles du Centre d'autre part, auprès de Me Royal.
Un petit rappel N.Sarkozy a aussi été élu grâce au report des voix du FN. Merci à vous d'avoir fait une place à une petite retraitée au sein de votre débat.

Écrit par : Claire31 | 14.11.2008

merci à toutes de vos messages (c'est marrant je ne fais réagir que les femmes... !? )

Chère Claire31, bienvenue sur mon blog! Je trouve étrange que vous vous dénigriez comme ça. Mon texte n'est pas si intellectuel que vous ne le dites. Pour le côté blabla, je ne pense pas: j'argumente, je ne parle pas dans le vide.
Enfin, je n'ai rien de spécial contre V. Peillon. D'ailleurs, si je ne lui trouvais pas un certain nombre de qualités, je n'aurais pas voulu lui adresser ma réaction. J'aurais dit tout cela au PS, en général.

Écrit par : guillaumeD | 15.11.2008

Cher Guillaume D.

Le respect ainsi que la politesse vous honore. Merci d'avoir répondu à mon message.
Puis-je me permettre d'ajouter: Et maintenant que faisons-nous
avec ce résultat du Congrès de Reims qui vient de s'achever ?
Je pense que Mr. Delanoë peut aller rejoindre Mr Bayrou car lorsqu'on laisse tomber ses militants au beau milieu de la bagarre ce n'est pas faire preuve de responsabilité vis à vis de son électorat et encore moins d'être à la hauteur de ses opinions.
Il y a tout de même une qualité à reconnaître chez S. Royal c'est qu'elle sait faire preuve d'opiniâtreté...

Écrit par : Claire31 | 16.11.2008

Claire,
vous illustrez bien le problème actuel du PS: vous faites tous un diagnostic différent de la situation. Résultat, vous ne parlez pas de la même chose. Et vous vous étripez soit sur le diagnostic, soit sur le choix du leader, soit sur la définition du projet. Ce cercle vicieux n'est pas de la faute de quelqu'un. C'est une faute collective. Faute dans laquelle je serais tombé si le MoDem n'avait pas eu son leader incontestable, je m'en rends compte en me comparant aux militants socialistes.
L'opiniâtreté de Ségolène ne suffira pas à faire gagner le PS à des élections nationales. Trop peu de Français croient en elle à présent.

Écrit par : GuillaumeD | 16.11.2008

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