18.10.2010
manipulation
Hier, j'ai mis en ligne une vidéo et quelques lignes.
En 1948, les actualités françaises avaient informé les Français du décès d'un homme politique tchécoslovaque. On entend sur cette vidéo ces mots: "Aujourd'hui Jan Masaryk est mort. En pleine nuit, il s'est jeté du quatrième étage"... Et aucune autre hypothèse n'est donnée. Pas le moindre doute n'est proposé. C'est un suicide. Tous les Français informés alors ont tous cru, que dis-je!... ont tous su que cet homme politique de centre-droit avait mis lui-même fin à ses jours. Le pourquoi est difficile à établir... Il est très difficile à établir, en effet, et il y a une bonne raison à cela. Sur Wikipedia (je n'en finis pas d'aimer cette encyclopédie libre en ligne!), j'ai découvert la chose suivante:
Ce que j'ai à en dire est simple. En 2004, vu qu'il n'y a presque plus d'enjeu politique ou social, la police a pu faire une enquête et établir la vérité.
Mais nous! Pour nous aujourd'hui, combien d'infos données vitesse grand V avec une seule interprétation gobons-nous chaque jour? Jusqu'où sommes-nous trompés par les manipulateurs politiques et les simplificateurs médiatiques?
Pourquoi serait-il honteux de poser des questions sur le suicide de monsieur Bérégovoy? Pourquoi serait-il intolérable de poser des questions sur l'organisation des attentats du 11 septembre 2001?
Toute autre chose: Est-il judicieux de laisser nos esprits lire les petites phrases défiler en bas des chaînes d'information continue? Je me demande si un jour, on ne mentira pas aussi sur les résultats sportifs... vu le niveau économique terriblement exponentiel, avec ces paris en ligne qui deviennent une source tellement juteuse. On trouvera des lobbys, mais surtout au milieu de tout ça quelqu'un de bonne foi un peu aveuglé, pour expliquer qu'il ne faut pas faire de scandale car les intérêts économiques en jeu sont trop énormes... trop d'emplois à la clé! Toujours cet argument de la générosité, du salut du peuple, pour tordre ou dissimuler la vérité.
Or, aujourd'hui nous le savons, le populisme et la démagogie sont les pires cancers de notre démocratie. Je ne veux pas entamer un hurlement de loups ou un chant du cygne. Je veux du concret. Est-ce que, oui ou non, des dispositions peuvent être prises pour que le peuple vote de plus en plus en connaissance de cause, lors de chaque élection?
Qui est en mesure de proposer de guérir nos médias et de remettre nos systèmes d'information sur pied? Qui est en mesure de garantir que les citoyens pourront savoir avec suffisamment de précision ce qui a été fait en leurs noms pour chaque mandat local, régional et national?
Et spécialement depuis la semaine dernière, je me demande:
Qui peut être suffisamment fier de ce qu'il fait au sein de la société pour aller regarder au fond des yeux ces jeunes? A ces jeunes qui crient leur hargne en cassant tout, leur dire tout simplement: Oui, on a raconté une jolie fable, celle de l'intégration de tous, de l'égalité des droits et des chances, mais c'est vrai, en fait, notre système est ultra-compétitif et vous en êtes les perdants, et même pire, vous en êtes les victimes. Oui c'est une honte, et ce n'est pas acceptable. Non, vos vengeances ne touchent pas les bonnes personnes. Mais oui c'est le hasard qui t'a frappé, humilié, rejeté, toi, au sein de cette société pas totalement horrible, mais si tragiquement borgne (où notre générosité s'applique à certains domaines et nos combats économiques à d'autres!!!) Alors oui, toi aussi, tu frappes au hasard. Mais s'il te plaît, calme-toi. Nous allons essayer encore de construire un espace où nous pouvons tous vivre ensemble dignement. Et je n'accepte pas que cela se passe sans toi.
Qui pourrait dire ces mots? Pas une seule personnalité politique, en tout cas. Pas une seule n'a renconcé à cette drogue dure, obligatoire pour gagner un mandat national, tout comme la cocaïne semble obligatoire pour tenir un show télé, cette drogue qui tient notre démocratie dans son gant de velours: la manipulation des esprits.
Et qui aura l'humilité de reconnaître qu'il s'agit de ne PLUS l'accepter, car malgré tous nos discours tous plus émouvants les uns que les autres, en fait, nous avons accepté que ce combat social existe, qu'il fait des perdants et des victimes. Et nous avons accepté seulement de ne regarder que les perdants en se disant que viendrait le jour où la roue tournerait et qu'ils pourraient enfin être des gagnants. Mais quand avons-nous regardé les victimes de nos compétitions scolaires et économiques? Seulement voilà, cela nous obligerait à relativiser notre modèle de société. Qui aura ce courage de regarder jusqu'au fond et pas simplement à la marge en laissant alors échapper juste quelques regrets...
20:30 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : manipulation, media, information, politique, démocratie, citoyenneté
Commentaires
Il y a de ça ... Il y a aussi un côté conscient (secret public) dans le silence. Ce n'est pas la même chose que tout le monde sache, et que tout le monde dise. La société française ne veut généralement pas dire, ni l'inégalité des chances, ni l'inégalité des droits que laisserait une égalité des chances (parce que tous ne sont pas également taillés pour la même compétition).
On retrouve une sorte d'universalité dans la façon de traiter "le problème" - avec des allocations minimales et des assistantes sociales pour en rédiger les dossiers - mais est-ce ce dont une société a besoin pour grandir ?
Écrit par : FrédéricLN | 19.10.2010
Merci Frédéric, je ne veux surtout pas passer pour quelqu'un de binaire, qui combattrait aveuglément pour la transparence, contre tout ce qui n'en serait pas. Le silence est assez souvent nécessaire. Il serait d'ailleurs bon de réfléchir à quelles conditions.
Le fond de mon article a pour but de démontrer que les médias vont trop vite et nous font gober des choses fausses. Ce n'est pas de l'intox à 100%, car elle n'est pas préméditée, ou alors très rarement. Mais c'est vraiment de l'intox, car nous sommes intoxiqués par des affirmations qui ne nous permettent pas d'avoir une vision juste de la réalité. Or, cela me parait très grave. Notre énergie doit être mobilisée non pas pour seulement critiquer les medias en leur reprochant ce problème. Elle doit être mobilisée pour réfléchir plus globalement à la situation qui fait que les médias travaillent ainsi, et que c'est un fait que les citoyens sont mal informés et font des choix lors des élections à partir de visions illusoires de ce qu'est leur environnement sociétal.
Pour la compétition sociale, j'aime bien l'idée que nous ne sommes pas taillés pareil. Mais je n'aime pas l'idée que nous sommes fatalement immergés dans ces compétitions. On peut les réduire, en annihiler certaines. Et effectivement, nous avons pu constater les effets pervers de l'assistanat. Il faut donc combattre et la logique ultra-compétitive, et celle ce l'assistanat... Un beau programme de centriste! ;)
Écrit par : GuillaumeD | 24.10.2010
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