31.07.2008
3 principes pour qu’une utopie soit féconde (selon P.Y. Gomez)
J’ai assisté à l’intervention de monsieur Pierre-Yves Gomez lors d’un colloque. J’en résume ici des idées qui m’ont impressionné.
La question qu’il a traitée est :
« Les innovations en économie : des utopies naïves ? »
Il a tiré 2 questions de cette problématique dans son introduction:
1. Toutes les recherches du progrès économique et social n’ont–elles pas commencé par des utopies ?
2. Quand est-ce que l’utopie est passée au stade du réel, en ayant effectivement réalisé une organisation économique désirable et durable ?
Il a aussi rappelé que l’ouvrage de Thomas More titré « Utopia » renvoie à deux sens : « eu-topie » et « u-topie », soit étymologiquement « lieu du bonheur » et « non-lieu ».
Dans sa première partie, il a montré par des exemples historiques que les innovations ont été des « utopies » à leurs débuts.
Dans sa deuxième partie, P.Y. Gomez m’a littéralement séduit !
Il y a défini trois principes comme étant des conditions essentielles pour que des utopies soient fécondes. Je cite :
« Premier principe: ce sont les pratiques meilleures qui rendent les humains meilleurs et non pas les humains les meilleurs qui assurent des pratiques meilleures. En d’autres termes, il ne faut pas surestimer la bonté et les qualités humaines comme des conditions préalables à la réalisation de l’utopie : au contraire, la réalisation de l’utopie est un moyen de rendre meilleurs ceux qui y participent. »
« Second principe: une utopie réaliste n’est jamais totalisante. En clair, elle ne cherche pas à fonder une société nouvelle radicale, exemplaire, elle cherche plus modestement à créer des pratiques exemplaires. »
« Troisième principe : une expérience fondée sur une utopie génère de nouvelles expériences identiques. »
Selon ces trois principes, l’économie sociale et solidaire a tout pour être une utopie féconde. Mais si des sous-systèmes de cette nouvelle économie voulaient s’imposer pour devenir le nouveau modèle unique, il y aurait négation du second principe… donc aussi du premier. De quoi sérieusement handicaper la réussite du troisième.
Enfin, là ou P.Y. Gomez m’a planté sur mon siège, et j’ai encore du mal à intégrer la portée de son affirmation, c’est quand il a dit que :
« au fond, cette économie financière que l’on nous présente somme sérieuse, n’est-elle pas aussi une utopie, avec son rêve de marché pur, parfaitement technicisé, propre, mathématique ? Avec son idéal de transformer le monde par une allocation rationnelle des ressources au niveau planétaire ? en reprenant les trois principes que je propose, on pourra juger de la soutenabilité de cette utopie.»
Le capitalisme libéral, dans ses aspects libéraux mondialisés actuels, n’est pas libéral. C’est une chose de le penser. C’est autre chose de le démontrer. Merci Pierre-Yves Gomez !
Et maintenant ?
Nous sommes face à d’immenses défis. L’économie sociale et solidaire se développe actuellement en n’ayant pas pour base de rémunérer le capital, à la différence du capitalisme. (c’est quelqu’un de très bien qui m’a dit cela hier soir à la terrasse d’un café)
Quelle utopie je choisis aujourd’hui ?
L’ancienne qui vieillit mal ?
Ou la nouvelle, à laquelle je vais apporter ma petite pierre = mon choix d’évoluer librement en étant soucieux des évolutions libres des autres ?
Une fois de plus, la réponse est dans la question.
(note du blogueur: j'ai ici beaucoup copié-collé, je dois le reconnaître. Mon seul souci était de ne pas déformer le propos de l'auteur.)
16:46 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : économie, économie sociale et solidaire, pierre-yves gomez
26.07.2008
Ce blog auquel je dois tant, victime du mythe de Narcisse.
J’ai lu avec beaucoup d’intérêt et de plaisir les descriptions des blogs par Luc Mandret ici. Comme l’a fait un de ses commentateurs, j’ai gardé ce texte sous la main pour pouvoir m’en servir à des fins explicatives, au cas où.
Mais sur un autre plan, je réfléchis à la limite des blogs et à leurs dangers potentiels (comme tout le monde j’imagine). Alors voilà...
Voici deux versions (entre autres) de la fin du mythe de Narcisse.
La première: Narcisse se meurt de langueur en n'arrêtant pas de contempler sa propre image
La deuxième (très rare, pas sur wikipedia): Il meurt en se noyant dans l'eau, = miroir qui reflète son image, faut-il le rappeler.
Aujourd'hui, 2 petits écrans sont nos miroirs narcissiques: la télé et l'ordi. Les blogs hélas ne mettent pas beaucoup en lien, ils sont plutôt des miroirs narcissiques en trompe-l’œil.
Je me noie de temps à autres dedans. Je le reconnais bien volontiers.
Mais surtout j’y observe des personnes qui sont en danger réel. Pas chez Luc (Ma Vie en Narcisse) malgré son titre. Mais chez Quitterie, aïe! , là-bas, c’est la queue aux urgences !
Peut-être car elle est, parmi les grands blogueurs, la plus visible chez « le grand Narcisse » (c’est comme ça que j’appelle la télé, qui demeure encore le plus grand des pièges).
Alors chère Quitterie, j’entends ton idéal : pas de censure, jamais de censure ! Je l’entends mais je ne le comprends plus.
Le prof que je suis s’irrite, car cela lui rappelle ses situations professionnelles du quotidien. Si quelqu’un ou quelques-uns prennent trop de place dans un groupe, il faut sévir. Quelle est la raison profonde à cette nécessité d’intervenir (et parfois durement)? Ce n'est pas parce que le groupe doit être rassuré face aux grandes gueules. Ce besoin d’être rassuré est légitime. Mais la réponse au sein du groupe doit être douce vis-à-vis de celui qui est instable, car c’est quelqu’un qui ne peut s’empêcher de se faire remarquer la plupart du temps. On ne lynche pas la différence. (Sur ce point, la défense de ton idéal contre vents et marées me touche beaucoup, Quitterie.)
Mais pensons au blogueur narcissique: il est en danger. Je pense qu’avoir un blog, c’est être responsable de ce qui y est communiqué. Et une communication n’est pas une simple affirmation. Etymologiquement, communiquer peut se voir comme mettre notre "unique" en "commun". La communication met les personnes en relation. C’est pour cela que je déteste l’anonymat, et tous ces pseudonymes. Comment peut-on prétendre communiquer sans marquer notre parole de cette identité « unique » qui nous constitue ?
Dans beaucoup de blogs, il n’y a plus échange, ni relations. Il y a confrontations de monologues. Mais aussi... ce sont des personnes de chair et d'os qui s’expriment. Eh bien, je le dis en toute humilité, je m’inquiète pour eux. Pour leur santé.
“Don’t feed the troll”. Très bon réflexe. Mais si le troll résiste, que fait-on ? On le laisse se noyer à côté de nous ? Comme si de rien n’était ?
Gandhi avait dit qu'il préfèrait la violence à la lâcheté. Pourquoi? Notamment parce que l'agressivité, étymologiquement encore, c'est "aller vers". Ne pas faire face aux difficultés est pire que d'entrer en conflit. Mais une fois dans le conflit, il s'agit de ne pas viser sa propre victoire, mais d'établir la non-violence, une situation où chacun peut vivre librement.
L'enjeu de la communication sur Internet est comme tous les autres enjeux politiques: Réussirons-nous à vivre ensemble? Créerons-nous ces espaces où chacun de nous a une place juste? Parce que j'y crois, j'ai écrit cette note. Sinon, je serais allé porte de la Villette au cinéma en plein air voir "le bon, la bête et le truand". Il faudra que j'écrive sur les mythes. Ils peuvent être chemins de liberté, ou ils peuvent emprisonner, ça dépend. Et ça dépend, ça dépasse... cette note.
02:34 | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : blog, quitterie delmas
25.07.2008
quand Karima m'écrit...
...
3:59amKarima
si on veut que notre allié accepte nos failles il faut savoir accepter les siennes
4:00amGuillaume
y a du boulot pour accepter ses failles
mais c'est le seul chemin
sinon on devient sarkozyste LOL
4:01amKarima
jamais!
4:01amGuillaume
promis
4:02amKarima
je suis une non violente mais à sarko je lui souhaite les pires crasses
4:02amGuillaume
tu sais quand il a dit "karcher" j'ai pas du tout aimé
4:02amKarima
faudrait être cinglé pr aimer le terme
4:02amGuillaume
mais quand il a dit "racaille", alors là j'ai été blessé et depuis ça a jamais cicatrisé
4:03amKarima
je crois que tant que la France refusera d'admettre qu'elle a laissé tomber toute une génération sous une tonne de béton ça ne cicatrisera jamais
4:04amGuillaume
oui
4:04amKarima
pr moi le pire c'est qu'on puisse s'imaginer que la détresse de ces jeunes est méritée car il ne glande rien
je ne sais pas si tu as déjà lu "chroniques d'une société annoncée"
4:05amGuillaume
non
c'est de qui?
4:05amKarima
c'est un recueil de nouvelles écrites par des jeunes banlieusards
c'est du collectif : que fait la France?
4:05amGuillaume
ok
4:06amKarima
je te conseille vivement de le lire
moi ça m'a retourné
4:06amGuillaume
je vais le lire
4:06amKarima
notamment l'histoire d'une gav qui a mal tourné
alors là je t'assure que tu ne pourras que avoir encore plus l'envie de te battre
4:07amGuillaume
"gav" ?
c quoi?
4:08amKarima
garde à vue
...
04:09 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : sarkozy, banlieue
21.07.2008
« Kill a paedaphile » ? Où est le viol-ent ?
Ces derniers temps, je traîne beaucoup sur Facebook. Je suis tombé sur un groupe : « kill a paedaphile » . Son créateur et ceux qui ont rejoint ce groupe, et surtout ceux s’expriment sur le « Wall », appellent au rétablissement de la peine de mort d’abord (soit…), mais ensuite ils en viennent à l'appel au meurtre et à la torture des pédophiles.
Voilà ce que j’ai à leur répondre :
Tuez-moi d’abord.
Les pédophiles sont « la lie de l’humanité » ? Moi, souvent, je me dis que je suis nul, mauvais, que je suis le dernier des cons. Bref, je fais partie de la lie de l’humanité. Tuez-moi.
Ma sexualité ? hum… pas toujours une réussite. Elle pourrait dévier un jour, et puis avec une bonne dépression, je vais peut-être mal finir. Tuez-moi, au cas où.
Ils ont fait du mal à des enfants ? Eh bien moi, je suis enseignant. Je violente des enfants et des jeunes tous les jours ; en effet, je les oblige à faire ce que je leur demande. Et si ils refusent, je les punis. Il vaut sans doute mieux me tuer.
Ils sont fous, inconscients, égoïstes ? Tout comme moi : je parle tout seul, je me plante souvent (c’est bien la preuve que je suis inconscient !), je ne pense qu’à moi. Je suis trop mauvais, trop dangereux pour la société. Tuez-moi. Au nom du bien, au nom de la vie, tuez-moi. Je suis un salaud. Tuez-moi.
Un jour, j’ai souhaité du mal à quelqu’un d’autre, et un autre jour, j’ai même frappé quelqu’un. Alors je vous en supplie, rétablissez la peine de mort et tuez-moi. Non, non, ne me trouvez pas d’excuses, ne cherchez pas à me comprendre, je suis un monstre. Liquidez-moi.
Et puis après, n’oubliez pas de tuer ceux qui tuent des gens.
Et surtout, ne vous demandez jamais ce que veut dire « circonstance », « contexte », « blessure de l’enfance », « limite », « souffrance ».
Enfin, ne comparez pas la force qui aide et celle qui supprime. Vous pourriez être surpris.
On me répondra peut-être: "Et les victimes? vous y pensez?" Oui, évidemment. Je les écoute dès que je peux. Et jusqu'à présent, pas une n'a dit que se reconstruire passait par de la violence infligée aux autres.
12:32 | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : violence, incitation à la haine, incitation à la violence, peine de mort